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Europe

Ukraine: offensive des séparatistes à Marioupol, au moins 30 morts

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Les prorusses ont lancé une offensive, samedi, pour prendre la ville stratégique de Marioupol, dernière grande ville de l'Est sous contrôle de Kiev. Au moins 30 civils ont perdu la vie.

Les séparatistes prorusses ont annoncé samedi avoir lancé une offensive contre le port stratégique de Marioupol, dernière grande ville de l'Est sous contrôle de Kiev, où trente civils au moins ont péri samedi dans des bombardements, selon les autorités locales. "L'offensive sur Marioupol a débuté aujourd'hui", a déclaré le dirigeant de la république autoproclamée de Donetsk Alexandre Zakhartchenko.

L'UE menace de sanctionner l'offensive

L'Union européenne étudie la possibilité de convoquer une réunion extraordinaire de ses ministres des Affaires étrangères la semaine prochaine pour sanctionner l'offensive.

L'OSCE a condamné samedi ce bombardement "téméraire, aveugle et honteux" et a appelé les parties en conflit à revenir "sans délai" à la table des négociations et à respecter les accords de paix signés à Minsk en septembre.

Tirs au lance-roquette multiples

La conquête de cette ville industrielle d'un demi-million d'habitants créerait un pont terrestre entre la Russie et la Crimée, annexée en mars mais très dépendante de Kiev pour ses approvisionnements en eau, électricité et produits alimentaires. 

Alexandre Zakhartchenko ne s'est pas prononcé sur les tirs au lance-roquette multiples Grad dans la matinée dans un quartier densément peuplé. D'autres responsables séparatistes ont nié leur responsabilité en dénonçant une "provocation" des forces de Kiev. 

Risque de "grave détérioration" des relations UE-Russie

Le président ukrainien Petro Porochenko a affirmé pour sa part dans un communiqué que son pays allait se battre jusqu'à la "victoire totale" contre les séparatistes prorusses.

La représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini a prévenu que cette escalade allait "inévitablement provoquer une grave détérioration des relations entre l'UE et la Russie", déjà lourdement frappée par les sanctions européennes et américaines, mais qui dément toute implication dans le conflit.

Au moins 30 morts

A Kiev, le Premier ministre Arseni Iatseniouk a exigé la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU. Il a appelé la communauté internationale à "arrêter l'agresseur russe qui menace l'Ukraine, l'Europe et la sécurité mondiale".

Le bilan de bombardements au lance-roquettes multiples Grad contre un quartier est densément peuplé de Marioupol a atteint 30 morts, selon la mairie qui a souligné qu'il pourrait encore s'alourdir. Jusqu'à présent cette ville industrielle située sur les bords de la mer d'Azov a été à l'abri de combats qui éclataient sporadiquement dans ses environs.

L'attaque sanglante contre un quartier de Marioupol qui survient quelques jours après l'abandon par l'armée ukrainienne de l'aéroport de Donetsk, site hautement symbolique, marque un tournant dans le conflit qui a fait plus de 5.000 morts en neuf mois.

Escalade du conflit

"C'est une nouvelle étape dans l'escalade du conflit. Le but de cette attaque est de discréditer le pouvoir ukrainien et provoquer des protestations dans des villes proches de la ligne du front", explique Oleksiï Melnik, analyste du centre indépendant Razoumkov. Pour Olexandre Souchko, directeur de l'Institut de la coopération euroatlantique basé à Kiev, Marioupol, qui abrite deux principales usines métallurgiques de l'Ukraine et par où passent la plupart des importations et exportations régionales "a une importance stratégique". "Le Kremlin envoie ainsi un message à l'Ukraine et à la communauté internationale que la ligne du front pourrait bouger si Kiev ne faisait pas de concession", ajoute-t-il.

Le ministre de la Défense Stepan Poltorak a pour sa part annoncé que les rebelles déployaient autour de Marioupol des lance-roquettes multiples et que la présence militaire ukrainienne avait été renforcée dans ce secteur. "La situation s'est nettement dégradée au cours des dernières 24 heures" partout dans l'Est séparatiste prorusse, a-t-il déclaré.

Le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense Olexandre Tourtchinov a déclaré samedi que le président russe Vladimir Poutine était "personnellement responsable" du drame. Kiev dénonce depuis le début de la semaine l'entrée de bataillons russes sur le territoire de l'Ukraine et des attaques tous azimuts contre les positions de l'armée ukrainienne.

V.R. et C. P. avec AFP