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Europe

Ukraine: Moscou accuse Kiev d'enfreindre "grossièrement" l'accord de Genève

John Kerry à Genève le 17 avril 2014 lors d'une conférence de presse.

John Kerry à Genève le 17 avril 2014 lors d'une conférence de presse. - -

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a appelé lundi la Russie à prendre des "mesures concrètes" pour faciliter la mise en oeuvre de l'accord de Genève destiné à apaiser les tensions en Ukraine.

Lors d'une conversation téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov, John Kerry "a demandé à la Russie de prendre des mesures concrètes pour aider à la mise en oeuvre de l'accord de Genève, en appelant publiquement les séparatistes à évacuer" les bâtiments occupés illégalement, a affirmé Jennifer Psaki, porte-parole du département d'Etat.

Le chef de la diplomatie américaine a également demandé à son homologue russe de nommer un diplomate de haut rang pour travailler avec la mission d'observation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) afin de montrer de façon "absolument claire que la Russie soutient l'accord (de Genève) et veut une désescalade", a relaté la porte-parole.

Plus tôt dans la journée, le ministre russe des Affaires étrangères avait accusé les autorités ukrainiennes d'enfreindre "grossièrement" l'accord de Genève, qui prévoit notamment le désarmement des groupes armés illégaux et l'évacuation des bâtiments occupés dans les villes ukrainiennes. Ces déclarations vont "à l'encontre de faits" a dit le ministre américain à Sergueï Lavrov, selon Psaki.

"Le gouvernement ukrainien met en oeuvre une vaste loi d'amnistie pour les séparatistes qui abandonnent leurs armes et les bâtiments" occupés illégalement, a-t-elle jugé, ajoutant que Kiev avait dépêché des représentants auprès de la mission de l'OSCE et déclaré une trêve pascale dans ses opérations "anti-terroristes".

"La Russie devrait retenir son jugement sur les responsabilités jusqu'à la fin de l'enquête"

John Kerry "a demandé que la Russie démontre maintenant le même niveau d'engagement" en faveur de l'application de l'accord de Genève, "tant dans sa rhétorique que dans ses actions", a encore rapporté Jennifer Psaki.

Russie et Etats-Unis s'accusent mutuellement d'ingérence et d'absence de volonté pour appliquer l'accord de Genève, depuis sa signature jeudi.

A propos de la fusillade meurtrière à un barrage routier près de Slaviansk, bastion des séparatistes dans l'Est de l'Ukraine, le secrétaire d'Etat a rappelé à Sergueï Lavrov que Kiev avait promis une "enquête complète". "Etant donné certains aspects suspects dans ces événements, la Russie devrait retenir son jugement sur les responsabilités jusqu'à la fin de l'enquête", a jugé Mme Psaki sans plus de précisions.

Une question de jours

La Maison Blanche a de son côté dit lundi de "ne pas pouvoir confirmer indépendamment la responsabilité" de la fusillade de Slaviansk, qui a fait quatre morts dimanche matin.

Mais le porte-parole Jay Carney a "appelé les groupes paramilitaires de l'Est et du Sud de l'Ukraine à déposer les armes et quitter les bâtiments occupés". "Nous continuons à appeler la Russie à user de son influence sur ces groupes pour les inciter à se désarmer et rendre les immeubles occupés aux autorités", a-t-il déclaré.

Tout en refusant de donner une date-limite précise à l'application de l'accord de Genève, Carney a toutefois prévenu qu'il s'agissait d'une question de jours. "Si aucun progrès n'est enregistré, nous imposerons dans les prochains jours des coûts additionnels", a déclaré Jay Carney, porte-parole de l'exécutif américain.

M. P. avec AFP