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Ukraine: l'UE s'exaspère, les manifestants aussi

Des manifestants pro-européens dimanche à Kiev.

Des manifestants pro-européens dimanche à Kiev. - -

L'Union européenne a suspendu dimanche les travaux pour un accord d'association avec l'Ukraine, au moment où près de 300.000 opposants pro-européens manifestaient contre son revirement au profit de la Russie.

L'Union européenne commence à perdre patience. Dimanche, elle a annoncé la suspension des travaux pour un accord d'association avec l'Ukraine, exaspérée par les atermoiements de son président. Au même moment, à Kiev, près de 300.000 Ukrainiens, opposants pro-européens, ont manifesté contre son revirement au profit de la Russie.

Cette nouvelle manifestation monstre sur la place de l'Indépendance à Kiev était la troisième de cette ampleur depuis le refus du chef de l'Etat ukrainien, Viktor Ianoukovitch, de signer un accord avec l'UE fin novembre. Le président a préféré pour le moment un renforcement de la coopération avec la Russie. Quelques centaines de personnes ont aussi manifesté à Paris et à Londres.

Pendant que le rassemblement commençait, le commissaire européen à l'Elargissement Stefan Fuele a dénoncé sur Twitter le manque d'"engagement clair" du président ukrainien. "Ukraine: le fossé se creuse entre les paroles et les actes du président et du gouvernement concernant l'accord d'association", a-t-il poursuivi. Linas Linkevicius, le chef de la diplomatie de la Lituanie, qui assure la présidence tournante de l'UE actuellement, a précisé que l'UE voulait des "clarifications de la part de l'Ukraine".

"Nous avons choisi l'intégration européenne"

Une mise au point réclamée notamment à la suite des propos de Viktor Ianoukovitch tenus vendredi au cours d'une table ronde avec l'opposition. Il avait alors déclaré que les préparatifs en vue de l'accord d'association avaient été faits "non seulement très mal, mais en violant les intérêts nationaux du pays" et que les personnes chargées des négociations seraient "écartées, voire démises de leurs fonctions".

Le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt - un ardent défenseur du rapprochement entre l'Ukraine et l'UE - a pour sa part souligné, aussi sur Twitter, que l'accord d'association, dans sa version originale, était toujours sur la table. "La porte est grande ouverte à l'Ukraine pour signer un accord d'association et de libre-échange avec l'UE", a-t-il écrit.

Le Premier ministre ukrainien Mykola Azarov a pourtant assuré dimanche soir que l'intégration européenne était une priorité. "On nous dit que les portes de l'UE sont ouvertes pour nous ainsi que celles de l'Union douanière" d'ex-républiques soviétiques menée par Moscou, a déclaré le Premier ministre ukrianien Mykola Azarov. "C'est très bien que nous puissions choisir et nous avons choisi l'intégration européenne".

"L'Amérique est avec vous!"

A Kiev, devant l'immense foule de manifestants qui se pressait sur Maïdan - l'autre nom de la place de l'Indépendance - et s'étendait également le long du boulevard Khrechtchatik, le sénateur américain McCain a lancé: "L'Amérique est avec vous !", et salué en ukrainien les protestataires.

Dimanche matin il avait discuté avec Evguenia Timochenko, la fille de l'opposante emprisonnée et ex-Première ministre Ioulia Timochenko, de la possibilité d'infliger des sanctions aux responsables du régime de Viktor Ianoukovitch - une possibilité évoquée cette semaine par Washington après la répression policière contre les manifestants.

Dans la soirée il a rencontré le président Ianoukovitch, a indiqué la présidence. Les manifestants ont, quant à eux, adopté une résolution visant à "interdire au président Viktor Ianoukovitch", qui doit se rendre à Moscou mardi, une visite très redoutée par l'opposition, de signer des accords en vue d'adhérer à l'Union douanière mise en place sous l'égide de la Russie. Jeudi, Vladimir Poutine, accusé par les Européens de pressions sur Kiev, avait vanté les "intérêts économiques réels" d'une entrée de l'Ukraine, en récession et au bord de la faillite, dans l'Union douanière. Selon les experts, Kiev pourrait rapidement obtenir une baisse des prix du gaz, voire un crédit. Qui l'Ukraine choisira-t-elle?

A. G. avec AFP