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Ukraine: dernière chance pour la paix dans un pays sous haute tension?

Des BM21 Grad ukrainiens près d'Artemivsk, le 5 février 2015.

Des BM21 Grad ukrainiens près d'Artemivsk, le 5 février 2015. - Volodymyr Shuvayev - AFP

La situation dans l'est de l'Ukraine s'est gravement dégradée ces dernières semaines. Alors que la France et l'Allemagne tentent une médiation, Moscou et Washington n'excluent pas de nouvelles livraisons d'armes. Si l'initiative franco-allemande échoue, le conflit se transformera-t-il en guerre "chaude"?

François Hollande et Angela Merkel pourraient bien jouer ce vendredi la dernière carte pour maintenir la paix en Ukraine. Ils vont tenter de convaincre Vladimir Poutine d'accepter le nouveau plan de paix, réalisé en urgence face à l'intensification des combats dans l'est du pays. En cas d’échec, les Etats-Unis pourraient reprendre la main en livrant des armes à l’Ukraine. Passage en revue des forces en présence.

La tension monte à l'est

L'initiative de paix franco-allemande, soutenue par Washington et Bruxelles, intervient après 10 mois d'un conflit qui a fait plus de 5.300 morts. Ces dernières semaines, la situation dans l’est du pays s’est aggravée. Les rebelles pro-russe ont engrangé les victoires militaires. Debaltseve, au nord-ouest de Donestk, dans l’est du pays, est tenue par l'armée ukrainienne et presque encerclée par les rebelles prorusses. Vendredi matin, une trêve de quelques heures y a été conclue pour permettre l'évacuation des civils pris entre les bombardements des deux camps.

Alexandre Zakhartchenko, Premier ministre de la république populaire autoproclamée de Donetsk, a par ailleurs annoncé cette semaine qu'il prévoyait de mobiliser 100 000 hommes supplémentaires, comme le précise Courrier International.

Une option diplomatique perçue comme un va-tout

Selon les informations qui ont circulé, le plan franco-allemand prévoirait de conserver l'intégrité territoriale de la Crimée, avec une forme d'autonomie pour le Donbass. Il répondrait, selon des "indiscrétions" évoquées par RFI, aux propositions officieuses de Vladimir Poutine à François Hollande et Angela Merkel il y a quelques jours.

Si le Kremlin envisage a priori cette initiative diplomatique avec bienveillance, le chef de l’Etat français a bien précisé que "l'option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment". La présidence ukrainienne a tout de même indiqué que l'initiative franco-allemande "laisse espérer un cessez-le-feu".

Kerry et Poutine envisagent une autre option

Parallèlement, les Etats-Unis continuent de réfléchir à la possibilité de livrer des armes létales à l'armée ukrainienne.

Barack Obama "passe en revue toutes les options dont celle de la livraison d'armes défensives" et prendra sa décision "prochainement", a précisé le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk présent à ses côtés a pour sa part souligné que l'Ukraine devait "augmenter ses capacités défenses pour que la paix s'installe". Un acte qui participerait sans doute à la montée en puissance du conflit. D'autant que l'Otan a approuvé jeudi un renforcement de ses capacités à l'Est en créant une nouvelle force de 5.000 hommes rapidement mobilisable près de la Russie, selon son secrétaire général, Jens Stoltenberg. Cette nouvelle force, censée être opérationnelle en 2016, "est une réponse aux actions agressives de la Russie", a-t-il expliqué.

En face, des livraisons d’équipement lourds venus de Russie aux rebelles prorusse se précisent également, raconte Courrier International

Des équipements non létaux aux armes létales

Selon un rapport indépendant, publié lundi par plusieurs groupes de réflexion américains, des radars, des équipements de brouillage électronique mais aussi des drones et des missiles anti-chars pourraient être livrés par les Etats-Unis. Les Etats-Unis avaient déjà débloqué 118 millions de dollars d'aide militaire pour Kiev en novembre, mais ses livraisons se limitaient jusqu'à présent à des équipements dits "non-létaux": gilets pare-balle, équipement médical ou radars. Des livraisons d'armes porteraient un "préjudice colossal" aux relations entre les deux pays, a averti jeudi le porte-parole de la diplomatie russe Alexandre Loukachevitch. 

Les chefs des diplomaties russe Sergueï Lavrov et américaine John Kerry doivent se rencontrer samedi à Munich. En attendant, le président ukrainien, Petro Porochenko, a souligné que toutes les parties devaient respecter les accords de paix conclus en septembre. Prévoyant le retrait des armements lourds des deux camps, ce sont les seuls accords signés par les Ukrainiens et les rebelles prorusses.

Aurélie Delmas avec AFP