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Suisse: la droite populiste fait une poussée spectaculaire aux législatives

Le leader de l'UDC, Toni Brunner, le 18 octobre, à Bern.

Le leader de l'UDC, Toni Brunner, le 18 octobre, à Bern. - Fabrice Coffrini - AFP

L'UDC, le parti populiste suisse, a fait une véritable démonstration de force, dimanche, en témoignant d'une progression spectaculaire lors des élections législatives. La formation politique a ainsi enregistré son plus haut score.

Un dimanche historique pour la droite populiste suisse. L'Union démocratique du centre (UDC), le parti suisse anti-immigration et anti-Union Européenne, a enregistré dimanche une progression spectaculaire aux élections législatives, qui la conforte comme premier parti de la Confédération Helvétique. Elle obtient près d'un tiers des sièges du Conseil National, selon les résultats définitifs.

L'Union Démocratique du Centre gagne 11 élus, avec au total 65 représentants sur les 200 de la chambre basse du parlement. Elle fait mieux que son meilleur score de 2007 (62 élus).

Plus haut niveau historique

Dans une projection, la télévision publique RTS estime le score en voix de l'UDC à 29,5%, son plus haut niveau historique (28,9% de 2007) et du jamais vu pour un parti suisse. Le décalage entre le score en voix et en députés s'explique par un système complexe de proportionnelle où les électeurs peuvent rayer des noms sur la liste des partis, panacher des candidats, et par des alliances locales entre partis.

Dans la chambre sortante élue en 2011 l'UDC occupait 54 sièges. La participation au vote de dimanche a été à peine supérieure à 48%. "Les gens ont voté guidés par la peur", selon une candidate socialiste, Rebecca Ruiz, ajoutant que le thème des réfugiés et de l'immigration, favori de l'UDC, avait été "malheureusement très dominant dans la campagne".

Le parti socialiste (PS), deuxième formation du pays, perd 3 sièges avec 43 élus et l'autre parti de droite, le Parti des libéraux radicaux (PLR) obtient 3 élus de plus avec 33 représentants. Ce virage à droite se fait aux détriments des petits partis du centre (moins 3 sièges) et des deux principales formations écologistes, qui perdraient au total 9 sièges.

"Immigration contrôlée"

L'UDC s'était choisi comme slogan "Rester libres". En février 2014 il avait surpris avec le succès de son référendum contre "l'immigration de masse", pour imposer des quotas aux ressortissants de l'Union européenne de plus en plus nombreux à venir travailler en Suisse. L'UE a alors menacé de dénoncer tous les accords bilatéraux avec Berne si la libre circulation était supprimée. Le gouvernement a jusqu'en 2017 pour trouver une solution.

L'affiche la plus radicale durant la campagne était celle des jeunes UDC du Canton de Vaud: une caricature de jihadiste portant un brassard UE, avec en fond le drapeau étoilé de l'UE, qui s'apprête à décapiter une jeune blonde bâillonnée vêtue d'un drapeau suisse avec l'appel: "Gardez la tête sur les épaules", "votez pour la liste UDC".

Les questions de l'asile et de l'immigration, premières priorités

Alors que la Suisse est pour le moment épargnée par la vague de migrants arrivant en Europe, un sondage de l'institut gfs.bern révélait que pour près d'un Suisse sur deux (48%) les questions de l'asile et de l'immigration constituent la "première priorité", loin devant les relations avec l'UE. "Pas question de surcharger les finances publiques et le budget social en ouvrant toutes grandes les frontières, quand tant de jeunes ici restent sur le carreau", avait résumé pendant la campagne Roger Golay, élu dimanche à Genève pour le Mouvement des citoyens genevois, petite formation de la droite populiste qu'il préside.

L'UDC et le PLR, souvent opposés, devraient travailler ensemble dorénavant selon le vice-président de l'UDC, Luzi Stamm. 

L'UDC, qui ne détient qu'un portefeuille dans le gouvernement contrairement au PS et au PLR, en a demandé un supplémentaire. Le nouveau gouvernement sera élu le 9 décembre par le parlement. La spécificité de la démocratie suisse est le multipartisme permettant à cinq partis de se partager les sept portefeuilles ministériels du gouvernement. 

A.S. avec AFP