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Coronavirus: la Suisse risque de placer la France sur sa liste rouge des pays "à risque"

La frontière franco-suisse le 14 juin 2020, à la veille de sa réouverture alors qu'elle avait été fermée pendant le confinement. (Photo d'illustration)

La frontière franco-suisse le 14 juin 2020, à la veille de sa réouverture alors qu'elle avait été fermée pendant le confinement. (Photo d'illustration) - FABRICE COFFRINI

La France a dépassé le seuil de contaminations toléré par son voisin helvète et pourrait être placée sur la liste rouge du pays. Une situation problématique qui pousse la Suisse à envisager des solutions hybrides.

Après l'Allemagne, qui recommande à ses ressortissants d'éviter Paris et la Côte-d'Azur, au tour de la Suisse? Nos voisins helvètes envisagent de classer la France sur leur "liste rouge" des pays considérés "à risques" en raison de la hausse des contaminations constatée ces dernières semaines, rapportent les médias locaux comme Le Temps.

Car la France a dépassé le seuil d'infections toléré par la Suisse: l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) helvète considère un pays comme "à risque" à partir de 60 cas détectés pour 100.000 habitants sur quatorze jours - la France en était à 67 ce lundi.

Pas de décision prise pour le moment

Une décision doit être rendue mercredi par le Conseil fédéral, alors que des discussions ont lieu entre l'OFSP, les cantons suisses frontaliers et les autorités françaises.

"La situation est en cours d'évaluation et de discussion", précise dans Le Temps Yann Hulmann, porte parole de l'OFSP, "Il n'y a pas de mise automatique sur la liste dès le franchissement du seuil."

Si la France venait à être placée sur la "liste rouge" suisse, les mesures ne seraient cependant en aucun cas comparables à celles mises en place au printemps, avec une fermeture des frontières: une quarantaine de dix jours pourrait en revanche être imposée aux personnes en provenance du pays.

De possibles mesures déjà contestées

Si aucune décision n'a pour le moment été annoncée, ces possibles mesures inquiètent dans les cantons frontaliers, où les travailleurs français sont nombreux. Mais, selon le Temps, les travailleurs "essentiels" résidant en France et employés en Suisse ne devraient pas être concernés.

"Va-t-on mettre en quarantaine les Genevois qui reviennent de leurs vacances, de leurs résidences secondaires, ou de visites familiales en France, alors que les frontaliers n'y seront pas astreints? C'est ubuesque", s'interroge le président du Conseil d'Etat genevois, Antonio Hodgers, auprès du Temps.

"J’essaie par tous les moyens d’arrêter ça car, même si on permet aux frontaliers et aux soignants de passer, c’est comme si vous faisiez passer le mur de Berlin au milieu de l’agglomération pour l’économie haut-savoyarde", explique à Public Sénat Loïc Hervé, sénateur centriste de Haute-Savoie.

L'élu français milite plutôt pour une harmonisation des gestes barrières et des mesures sanitaires de part et d'autre de la frontière. "Il faut qu'on se parle entre élus locaux pour trouver des solutions", déclare-t-il. "Genève a généralisé le port du masque dans les transports car, en France, c'est obligatoire."

Une solution par région?

L'OFSP pourrait aussi ne pas mettre toute la France sur sa "liste rouge", mais uniquement les régions françaises les plus touchées - dont ne font pas partie les départements frontaliers de la Suisse. Une solution "plus juste épidémiologiquement", estime l'épidémiologiste Antoine Fouhault, dans une interview accordée à la RTS (radio télévision suisse). "La France teste deux à trois fois plus que nous, (les Suisses). C'est donc logique qu'on trouve davantage de cas positifs."

Cette solution "par région plutôt que par nation" présenterait également un avantage diplomatique, précise Le Temps, dans la mesure où elle éviterait de créer une exception française en ne plaçant pas la France sur la liste rouge suisse contrairement à d'autres pays européens tels que l'Espagne.

Maëllyss Hedin Journaliste BFMTV