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Suède: de violentes émeutes émaillent le modèle suédois

Un pompier éteint une voiture incendiée lors des émeutes qui secouent la capitale suédoise.

Un pompier éteint une voiture incendiée lors des émeutes qui secouent la capitale suédoise. - -

Cinq nuits de caillassages, d'incendies et de dégradations à Stockholm et dans sa banlieue, oeuvre des jeunes habitants de quartiers déshérités et à forte population immigrée, ont écorné l'image d'une Suède pacifique et égalitaire.

Depuis dimanche soir, la Suède vit au rythme des émeutes. Incendies, caillassages, dégradation... les incidents se succèdent depuis cinq jours dans la capitale suédoise Stockholm, qui essuie la colère de jeunes du quartier défavorisé de Husby après la mort d'un de ses habitants, abattu par la police. Ces heurts écornent l'image d'une Suède pacifique et égalitaire, et un modèle envié par les autres pays d'Europe et notamment la France.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, au moins neuf véhicules ont été incendiés et huit personnes ont été interpellées, selon un bilan de la police, vendredi matin.

La police suédoise accusée de racisme

Jeudi dans la nuit, des pierres ont visé une antenne d'un commissariat de police à Kista, près de Husby, et deux autres antennes dans le sud de la capitale.


La police a appelé les éventuelles victimes à porter plainte, et cherchait à minimiser la gravité des violences. "Tout blessé est une tragédie, toute voiture brûlée est un échec de la société (...) mais Stockholm n'est pas en train de brûler", a souligné un responsable de la police de la capitale, Ulf Johansson.

Débat sur l'intégration des immigrés

Ces violences ont provoqué un débat en Suède sur l'intégration des immigrés. Parqués dans les quartiers pauvres des grandes villes du pays, les immigrés vivants en Suède connaissent un taux de chômage plus important que le reste de la population et représentent environ 15% de la population.

Selon des responsables associatifs locaux cités dans la presse, les auteurs des troubles reprochent aux forces de l'ordre leur racisme. Ces derniers accusaient des policiers d'avoir lancé des insultes comme "clochards", "singes" ou "sales nègres".

Chômage, l'échec scolaire ou le désoeuvrement de la jeunesse

Les chercheurs en sciences sociales soulignent, eux, que la colère avait des racines profondes. "Vivre comme jeune dans ces endroits de ségrégation peut être très difficile de beaucoup de manières. Vous n'avez pratiquement aucun contact avec d'autres Suédois et souvent pas une bonne compréhension de la société suédoise", soulignait Aje Carlbom, anthropologue social à l'université de Malmö.

Les quartiers où ont éclaté les incidents sont bien connus des habitants de Stockholm pour leur concentration de problèmes sociaux comme le chômage, l'échec scolaire ou le désoeuvrement de la jeunesse. Le taux de chômage à Husby atteignait 8,8% en 2012, contre 3,6% à Stockholm.

"L'écart entre les quartiers s'est accru" dans une ville où "le marché du logement est vraiment segmenté", estime Eva Andersson, géographe urbaine de l'université de Stockholm.

La Suède, destination prisée des immigrants en Europe

La Suède est devenue une destination prisée des immigrants en Europe. Elle a accueilli ces dix dernières années des centaines de milliers de personnes venues d'Irak, d'Afghanistan, de Somalie, des Balkans et récemment de Syrie.

Le Premier ministre conservateur Fredrik Reinfeldt, fervent partisan de l'accueil des immigrés, a voulu donner devant le Parlement l'image d'une nation unie.

"Je pense qu'il est dangereux de vouloir dépeindre la Suède avec une capitale séparée de ses banlieues. Je ne pense pas que ce soit vrai. Je pense que la ligne qui nous divise traverse Husby, entre une population majoritaire et à côté un petit groupe de fauteurs de trouble", a-t-il déclaré.

M.R. avec AFP