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Europe

Schnaps et femmes: le chef de l'Eurogroupe regrette ses propos

Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe

Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe - Emmanuel Dunand - AFP

Il avait laissé entendre que les pays du sud de l'Europe dilapidaient leur argent en "schnaps" et en "femmes". Après avoir dans un premier temps refusé de s'excuser, le président de l'Eurogroupe a assuré regretter ses propos.

Mis en cause par les pays du sud de l'Europe après avoir laissé entendre qu'ils dilapidaient leur argent en "schnaps" et en "femmes", le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a exprimé des regrets mercredi, mais a écarté toute démission.

"Je ne compte pas démissionner"

"Si certains ont été offensés par la remarque, je le regrette", a déclaré le ministre travailliste néerlandais, qui avait dans un premier temps fermement refusé de s'excuser.

"Je ne compte pas démissionner", a assuré celui qui préside depuis 2013 l'institution regroupant les ministres des Finances des 19 pays de la zone euro, invoquant sa "franchise néerlandaise" et son "style direct".

À propos de la solidarité des "pays du nord de la zone euro" avec les "pays en crise", Jeroen Dijsselbloem avait déclaré: "celui qui la réclame a aussi des devoirs. Je ne peux pas dépenser tout mon argent pour le schnaps (de l'eau de vie, NDLR) et les femmes et ensuite réclamer leur soutien".

Des "phrases racistes et sexistes"

Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a jugé "inacceptables", dans une interview à l'AFP mercredi soir, "les phrases racistes et sexistes" que Jeroen Dijsselbloem avait dites lundi au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. "Moi je n'aurais pas dit une phrase pareille", a condamné l'Italien.

De virulentes réactions de la part des pays du Sud, comme la Grèce, l'Espagne, l'Italie et le Portugal, là où les effets de la crise financière se font le plus ressentir, se sont enchaînées mercredi. "Dans une Europe sérieuse, Jeroen Dijsselbloem serait déjà viré", a lancé le Premier ministre socialiste du Portugal, Antonio Costa, le plus courroucé contre le ministre des Finances néerlandais.

"Il est inacceptable qu'une personne qui a un comportement comme cela et qui a une vision raciste, xénophobe et sexiste d'une partie des pays européens puisse présider une organisation comme l'Eurogroupe", a-t-il poursuivi.

Des "réflexions stupides"

Jeroen Dijsselbloem, 50 ans, qui s'apprête à perdre son poste au gouvernement après la débâcle de son parti travailliste aux élections législatives, espère garder la tête de l'Eurogroupe au moins jusqu'à la fin de son mandat le 1er janvier 2018.

En Italie, Matteo Renzi, ancien chef du gouvernement de centre-gauche, a dénoncé des "réflexions stupides", ajoutant: "Le plus tôt il démissionnera, le mieux ce sera". Questionné par l'AFP sur une éventuelle démission, le président du Parlement européen a répondu que ce n'était pas à lui de décider, mais "aux États membres" de la zone euro.

En Espagne, Luis de Guindos, ministre conservateur de l'Économie, qui fait partie des candidats pressentis pour lui succéder à la présidence de l'Eurogroupe, a quant à lui regretté "un commentaire malheureux, sur la forme comme sur le fond".

C.H.A. avec AFP