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Quand Guillaume Musso s’invite dans le programme d'étudiants ukrainiens

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- - Clara Griot

REPORTAGE - A l’université de langues, à Kiev, une vingtaine d’étudiants ukrainiens apprend le français dans la classe d’Oksana Pantchenko. Peu de livres de la littérature classique sont au programme, mais plutôt des auteurs contemporains, comme Guillaume Musso.

Gérard Depardieu, Louis de Funès, Edith Piaf. Dans les couloirs de l’université, ces visages sont épinglés sur des tableaux en liège. Dans l’une des salles, des étudiants ukrainiens apprennent le français en compagnie d’Oksana, leur professeur. Nadia, Arthur, ou Tania ont entre 18 et 21 ans. Pendant huit heures par jour, ils apprennent l’anglais et le français pour devenir interprète ou traducteur.

"J’ai choisi cette langue par intuition, parce que la France me faisait rêver", explique Elena en tournant les pages de son cahier à motif Tour Eiffel. "Moi aussi, mais c’est très difficile à apprendre", enchaîne sa camarade de classe, Katerina. Pour progresser, l’étudiante de 19 ans regarde sur YouTube les vidéos des stars françaises de la plateforme, Cyprien et Norman.

Dans le repertoire de ses chansons préférées, quelques artistes français et belges. Elle cite "Edith Piaf, Stromae, Zaz, Indila, et puis du rap Français, Diam’s et Maitre Gims." Les classiques et les plus gros vendeurs de disques de ces dernières années en France. Le cinéma subit le même sort. Les films qui arrivent entre les mains des étudiants ont tous été des succès au box-office. Le classique Amélie Poulain, Intouchables,Bienvenue chez les Cht’is et Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu, le préféré du groupe d’étudiants. "On les télécharge, bien sûr. On sait que ce n’est pas bien, mais internet est très libre ici, pour l’instant", ajoute une étudiante.

Guillaume Musso comme livre de français

Oksana, la professeur, semble presque se justifier lorsqu’elle parle du livre qu’elle fait lire à ses étudiants: "Je sais que ce n’est pas génial." Elle a essayé Les Misérables de Victor Hugo, mais le niveau de français était trop élevé. Du coup, c’est Guillaume Musso qu’elle a mis entre les mains de ses étudiants. Selon elle, l’avantage, c’est que la langue est simple. Parfait pour que ses élèves s’entraînent à la lecture. Elle essaye aussi de leur faire suivre l’actualité en français. Certains regardent TV5monde, ils évoquent le récent sacre de Miss France en tant que Miss Univers et citent timidement le nom de Penelope Fillon.

La France, un idéal difficilement accessible

Pour les élèves, la France est vue comme un idéal. "La France, c’est Paris, la mode, la culture. On sait que ce n’est pas vrai, c’est mais comme ça", explique Oksana. Certains étudiants sont allés à Paris, à Marseille, ou encore Poitiers, mais la plupart n’ont jamais pu faire le voyage. "Aller en France, c’est pas facile", dit l’un d’entre eux. Surtout d’un point de vue économique. Contrairement aux Français qui doivent seulement présenter leur passeport, pour entrer en Ukraine, les Ukrainiens doivent eux s’acquitter d’un visa. Environ 60 euros pour 90 jours, alors que le salaire moyen tourne autour des 100 euros.

A la fin du cours, les étudiants partent rejoindre les restaurants et les hôtels où ils travaillent quelques heures par semaine afin de gagner leurs vies. Au pied de l’université, un café diffuse de la musique en terrasse. Ce jour-là, un morceau de Stromae.

>> "Carnets d'Ukraine" est le projet des étudiants en journalisme du Celsa. Ils passent dix jours en Ukraine, trois ans après la chute de l'ancien président Viktor Ianoukovitch et alors que les tensions à l'est du pays s'intensifient. 

Clara Griot