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Europe

Migrants tunisiens : le ton monte entre la France et l’Italie

La France bloque un convoi de migrants tunisiens venant d’Italie : « Risque de trouble à l’ordre public » ou « volonté manifeste de fermer les frontières » ?

La France bloque un convoi de migrants tunisiens venant d’Italie : « Risque de trouble à l’ordre public » ou « volonté manifeste de fermer les frontières » ? - -

Opposée à un convoi de manifestants et de migrants tunisiens qui allait franchir la frontière, la France a bloqué ce dimanche la circulation des trains depuis Vintimille (Italie) vers la Côte d'Azur, évoquant « un risque de trouble à l'ordre public ». Une explication qui ne tient pas debout, selon certains…

Paris utilise la méthode forte pour stopper des immigrés tunisiens. La liaison ferroviaire avec l'Italie a été fermée hier dimanche pour empêcher un convoi avec à son bord une centaine de migrants tunisiens – tous détenteurs de titres de séjour provisoires leur permettant de circuler librement dans l'espace Schengen –, ainsi que des militants antiracistes italiens et français.
A Vintimille, le convoi, baptisé "train de la liberté" par les militants, s’arrête en effet et ne repart plus. Plus aucun train ne circule alors dans les deux sens. Migrants et militants, soit plus de 200 personnes, décident alors de continuer leur route à pied, sur les rails, aux cris de « liberté pour les immigrés ». La manifestation, rapidement stoppée par les carabiniers, s'achève dans le calme quelques heures plus tard et le trafic ferroviaire reprend progressivement en début de soirée.

« Des mesures illégitimes et en violation des principes européens »

Rome proteste officiellement et demande des « éclaircissements pour [ces] mesures décidées qui apparaissent illégitimes et en claire violation des principes européens ». En effet, interdire à un train de traverser la frontière, est contraire au principe européen de libre circulation. Et ces migrants tunisiens sont en règle : l’Italie leur a délivré des titres de séjour temporaires. Mais pour la France, ce n’est pas suffisant : il faut aussi disposer d’un passeport, de ressources convenables, et ne pas constituer une menace pour l’ordre public. C’est d’ailleurs cette dernière condition qui a été avancée pour bloquer le train de Vintimille. La tension est donc au plus haut entre la France et l’Italie. Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi se rencontrent dans une semaine à Rome. Le sort des migrants tunisiens sera certainement au centre de leurs discussions.

« Pas de raison d’accepter des gens qui ne remplissent pas les conditions... »

Interrogé sur les raisons de ce blocage du train de migrants tunisiens, le député UMP des Alpes Maritimes, Lionnel Luca explique : « C’est pas qu’on en veut pas, mais personne ne les a invités et il n’y a aucune raison qu’on accepte des gens qui ne remplissent pas les conditions de pouvoir vivre chez nous décemment. Plutôt que de vouloir aggraver par le nombre ceux avec lesquels on n’a déjà pas de facilité à leur trouver un emploi et un logement ; plutôt que de vouloir accueillir des gens dans des pays qui ont déjà suffisamment de problèmes, il vaut mieux faciliter le retour de ces personnes. Il y a beaucoup de choses à reconstruire et la Tunisie a plutôt besoin des Tunisiens que de les voir partir. »

« Qu’ils arrêtent avec l’excuse du trouble à l’ordre public ! »

Parmi les militants français bloqués hier en Italie, Teresa Maffeis de l'association "Pour la démocratie", ne croît pas une seconde aux explications de la France qui a fermé sa frontière au train : « L’excuse du trouble à l’ordre public c’est ce qu’ils invoquent tout le temps pour empêcher une expression de solidarité. Faut qu’ils arrêtent avec ça ! Là ça s’est passé dans le calme, il n’y a pas eu de mouvement, la police était là et il n’était pas question que ça se passe de façon à provoquer des troubles à l’ordre public ; ils le savent très bien. C’est une volonté manifeste de fermer les frontières, c’est toute la politique de l’immigration, tout ce qu’ils ne respectent pas au niveau de l’Europe et dont ils ne veulent pas qu’on parle. »

La Rédaction, avec Victor Joanin