Liège: pourquoi les enquêteurs qualifient la fusillade d'"assassinat terroriste"
Des faits qualifiés "d'assassinat terroriste". C'est ce qu'a annoncé ce mercredi le parquet fédéral belge au sujet de l'attaque perpétrée mardi en plein centre-ville de Liège, au cours de laquelle Benjamin Herman, un détenu qui était sorti de prison la veille après avoir obtenu une permission, a tué trois personnes, dont deux policières.
"Les faits sont qualifiés d'assassinat terroriste et de tentative d'assassinat terroriste", a ainsi déclaré une porte-parole du parquet, Wenke Roggen, après avoir rappelé dans le détail le déroulé des faits, car "les premiers éléments de l'enquête indiquent qu'il pourrait s'agir d'un attentat terroriste".
Si le parquet belge continue d'utiliser le conditionnel, vingt-quatre heures après les faits, plusieurs éléments de l'enquête évoquent une attaque terroriste, bien qu'aucune revendication n'ait encore été diffusée.
Les policiers comme cible
C'est en effet le modus operandi de l'assaillant, né en 1987 en Belgique, qui a poussé les enquêteurs à employer cette qualification. Benjamin Herman s'en est pris à deux policières municipales en les attaquant dans le dos avec un couteau, avant de leur dérober leur arme de service et de leur tirer une balle dans la tête alors qu'elles se trouvaient au sol.
Ce mode opératoire et cette cible, la police, rappellent les préconisations formulées par Daesh sur Internet. L'organisation jihadiste appelle en effet régulièrement ses partisans à s'en prendre aux forces de l'ordre, policiers et militaires, avec n'importe quelle arme. Dans le cas de l'assaillant de Liège, il y a eu une volonté claire de s'en prendre à la police, a indiqué mardi le chef de la police locale, lors d'une conférence de presse.
Mourir en martyr
En outre, l'assaillant a crié à plusieurs reprises "Allahou Akbar" ("Dieu est grand") au moment de s'en prendre à ses victimes.
Après avoir fait sa troisième victime, un civil de 22 ans qui se trouvait dans une voiture stationnée à un feu rouge, tué par balle à bout portant, Benjamin Herman s'est retranché dans un lycée, où il a pris une employée en otage. Il a ensuite cherché le contact avec les forces de l'ordre rassemblées devant l'établissement scolaire. C'est à ce moment-là qu'il est sorti les armes à la main, "clairement pour mourir en martyr", analyse Sarah-Lou Cohen, chef du service police-justice de BFMTV. Il a alors été abattu, après avoir échangé des coups de feu avec les forces de l'ordre, et blessé des policiers.
En contact avec des détenus radicalisés
Ce détenu, qui avait fait plusieurs séjours en prison depuis ses 17 ans, s'était converti à l'islam. Selon l'un de ses co-détenu, il avait une pratique "rigoureuse" de la religion.