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Les travaux du Lyon-Turin ont débuté en Italie

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par Catherine Lagrange CHIOMONTE, Italie (Reuters) - Un immense tunnelier de 240 mètres de long doté d'une tête de 6,3 mètres de diamètre et...

par Catherine Lagrange

CHIOMONTE, Italie (Reuters) - Un immense tunnelier de 240 mètres de long doté d'une tête de 6,3 mètres de diamètre et pesant 380 tonnes a commencé mardi à creuser la roche à Chiomonte, en Italie, pour réaliser la liaison Lyon-Turin, un projet emblématique longtemps retardé.

Le chantier est déjà bien engagé en France, où trois tunnels d'accès sont déjà creusés et le début des travaux à 63 km de Turin tombe à point nommé, une semaine avant le sommet franco-italien de Rome où ce projet sera un des thèmes majeurs.

L'ouverture de ce nouveau chantier en présence du maire de Turin, Piero Fassino, et de la députée-maire de Chambéry, Bernadette Laclais, est une première en Italie, où les oppositions au projet ont ralenti sa progression.

Ce tunnel de reconnaissance de 7,5 km, qui permet de réaliser les études géologiques du milieu, servira, une fois le Lyon-Turin ouvert, de tunnel de service et de sécurité.

Les 200 premiers mètres ont été creusés, au rythme d'un mètre par jour, par méthode traditionnelle, à l'aide d'un brise-roche hydraulique et de dynamite.

Le tunnelier a pris le relais mardi et fonctionnera 24 heures sur 24. A raison d'une dizaine de mètres par jour, il lui faudra 24 mois pour arriver au bout des 7,5 km.

L'équipement, particulièrement impressionnant, réalise en même temps le creusement de la galerie et l'excavation de la roche. Il a fallu 131 convois exceptionnels entre juillet et septembre pour acheminer ses composantes qui ont permis son montage sur place. Cent-vingt personnes travaillent actuellement sur ce chantier qui s'étend sur 7 hectares.

"Les maires, qui étaient opposés à l'origine au projet, sont tous présents aujourd'hui", a dit Piero Fassino, qui s'est réjoui de la perspective d'un rééquilibrage du transport vers le ferroviaire, avec une baisse de la pollution à la clé.

LE COÛT DU TRANSPORT RÉDUIT DE 40%

Pour Louis Besson, président de la délégation française de la commission intergouvernementale, ce rassemblement "est essentiel pour montrer d'adhésion des populations des territoires concernés" au tunnel de 57 kilomètres de long.

Si le Lyon-Turin a réussi à progressivement rallier à sa cause la plupart des communes du Val-de-Suse, une dizaine de petits maires y restent encore opposés.

Les opposants à ce projet, particulièrement virulents côté italien, dénoncent un chantier à la fois irrespectueux de l'environnement et financièrement exorbitant.

Ils jugent les chiffres de fréquentation du futur Lyon-Turin surestimés et l'équipement non rentable. Une position partagée en 2012 par la Cour des comptes française. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait néanmoins réaffirmé son soutien au dossier aussitôt après la publication de ce rapport.

Le sommet franco-italien de Rome doit permettre de faire le point sur les prochaines étapes à franchir pour la poursuite des travaux du tunnel, dont le coût, pris en charge à 40% par l'UE, est estimé à 8,5 milliards d'euros. Le cout total du projet, gares comprises, est quant à lui évalué à 25 milliards d'euros.

"Les Etats doivent maintenant ratifier le traité, engager le promoteur public et répondre à l'appel d'offre à projets dès 2014", a dit François Lépine, vice-président de la Transalpine.

Les députés français, à l'exception des écologistes qui dénoncent un projet "pharaonique", ont ratifié l'accord franco-italien sur la réalisation de la ligne ferroviaire. Cet accord doit être maintenant avalisé le 18 novembre par le Sénat.

Dans une pétition, 950 chefs d'entreprises rhônalpins ont se sont prononcés en faveur du lancement, dès 2014, des premiers tronçons. Ils sont 350 à avoir fait de même côté italien.

"C'est un formidable accélérateur de développement économique et de création d'emploi pour la région", plaident les chefs d'entreprises français.

Ils estiment que le coût de transport du fret baissera de 40% et que la réduction des temps de parcours sera considérable, entraînant de forts gains de compétitivité.

Edité par Yves Clarisse