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Europe

Les réfugiés continuent d'affluer en Europe dans le froid

Ils fuient la guerre et n'ont pas d'autre choix que d'affronter le froid. Malgré une baisse radicale des températures dans l'est de l'Europe, des milliers de réfugiés continuent à affluer vers l'Europe. L'Unicef craint désormais pour la santé des enfants.

"Le voyage a été difficile, nous sommes tous extrêmement fatigués. Et en plus la météo ici est mauvaise, mais qu'est-ce qu'on y peut?" Mazen, réfugié syrien, est arrivé en Serbie depuis la Macédoine. Doudoune et bonnet sur la tête, il explique que "l'espoir nous redonne des forces".

Comme lui, ils sont nombreux à continuer à arriver en Europe malgré le froid hivernal. 31.000 arrivées ont été enregistrées sur les îles grecques depuis le début de l'année, soit 21 fois plus qu'en janvier 2015.

Neige et risques de maladies

"La situation est absolument désespérée", déclare Valentina Bollenback, porte-parole de l'organisation Save the children, présente à la frontière entre la Serbie et la Macédoine, région actuellement couverte de neige.

"Il existe un risque accru d'hypothermie, de pneumonie et d'autres maladies", avertit-elle, racontant avoir vu des enfants tremblants, aux lèvres bleuies.

Parvenus à la frontière avec la Serbie après avoir traversé la Macédoine, les réfugiés sont obligés de franchir à pied, à travers la neige profonde de ces derniers jours, les deux kilomètres qui les séparent du premier point d'accueil serbe, à Miratovac.

Les espaces d'accueil, conteneurs et tentes, sont chauffés, mais cela ne dispense pas les réfugiés de longues heures d'attente à l'extérieur. Protégeant tant bien que mal leurs enfants, souvent emmitouflés dans des couvertures, de températures en dessous de zéro, les réfugiés attendent un bus ou un train qui leur permettrait de poursuivre leur voyage vers la Croatie et, plus loin, vers l'Europe occidentale.

Des enfants "physiquement exténués"

L'Unicef a constaté que les enfants des réfugiés arrivaient "physiquement exténués, effrayés et souvent en besoin d'assistance médicale".

"Le froid et la neige ont aggravé les mauvaises conditions physiques des enfants qui n'ont pas les vêtements adéquats. Ça a empiré avec le manque d'abris et de chauffage dans certains centres d'accueil", s'est inquiété mardi Christophe Boulierac, porte-parole de l'Unicef.

Plus d'un million de migrants et de réfugiés, dont près de la moitié des Syriens, sont arrivés en Europe en 2015, selon l'ONU. Et en dépit des duretés de l'hiver, ils sont des milliers encore à affluer vers l'Europe.

90% de Syriens, Irakiens et Afghans

Si les arrivées se poursuivent à ce rythme, elles pourraient "dépasser largement le record de 853.650 personnes atteint en 2015", a indiqué l'OIM. Environ 90% de ces exilés appartiennent aux groupes autorisés par les pays des Balkans à poursuivre leur route vers l'Europe du Nord, soit les Syriens, Irakiens et Afghans.

Sur l'itinéraire des migrants, l'Autriche a l'intention de ne plus laisser entrer sur son territoire ceux cherchant à gagner la Scandinavie, comme le fait déjà l'Allemagne. Une telle mesure risque de créer un goulot d'étranglement en amont - Slovénie, Croatie, Serbie et Macédoine - ou, par effet de domino, un durcissement des passages des frontières dans ces pays.

MSF demande des "passages sécurisés"

Médecins sans frontières a demandé que des "passages sécurisés" pour les demandeurs d'asile soient créés par l'UE, dont elle a dénoncé l'"échec catastrophique" dans sa gestion de la crise migratoire.

L'ONG critique l'absence d'"alternative offerte à une traversée maritime meurtrière" pour ceux qui fuient la guerre ainsi que l'"évolution permanente" des procédures administratives d'enregistrement pour les demandeurs d'asile arrivant en Europe.

Dans ses nouvelles projections économiques mondiales, le FMI note que l'afflux de migrants constitue un "grave problème" pour le marché du travail en Europe et requiert des mesures d'intégration pour "débloquer" les bienfaits économiques à plus long terme.

K. L. avec AFP