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Les journalistes sont toujours moins nombreux en France

Des caméras de journalistes sont posées au sol à Lourdes le 17 mars 2016

Des caméras de journalistes sont posées au sol à Lourdes le 17 mars 2016 - ERIC CABANIS, AFP/Archives

Le nombre de journalistes en France a baissé en 2016. La montée en puissance des rédactions web entraîne un changement de profil des recrues, révèle une étude présentée aux Assises du Journalisme.

Le nombre de journalistes a encore baissé en France l'an dernier, dans un contexte toujours marqué par des plans de départ, mais aussi par la montée en puissance des rédactions web qui entraîne un changement de profil des recrues, selon une étude présentée jeudi aux Assises du Journalisme.

Fin 2016, il y avait 35.238 journalistes titulaires de la carte de presse, soit 690 de moins qu'à fin 2015, selon les données de la Commission de la carte (CCIJP) citées dans le "baromètre sur l'emploi des journalistes", réalisé par le sociologue spécialiste des médias Jean-Marie Charon.

Des carrières courtes

Parmi les journalistes titulaires de la carte, plus du quart a un statut précaire (piges et demandeur d'emploi) et un peu moins de la moitié (46%) sont des femmes, note l'étude. En revanche, plus de la moitié (54%) des premières demandes sont faites par des femmes, ce qui tend à confirmer la féminisation de la profession.

Les carrières de journalistes sont plutôt courtes: 15 ans en moyenne selon des données de la chercheuse Christine Leteinturier reprises dans l'étude, qui cite l'exemple de Midi Libre où "parmi la grosse quarantaine de partants on observe des projets de créations de médias, des reprises d'études, des projets professionnels vers d'autres secteurs…"

Nouveaux profils de journalistes

Le profil des nouvelles recrues dans les médias change: elles doivent avoir des compétences multi-supports et n'ont pas toujours le statut de journalistes et les avantages qui y sont liés, souligne l'étude qui mentionne un "évitement des droits d'auteur, voire de la clause de cession".

"Lors de PSE et plans de départs volontaires s'exprime clairement l'intention de faire partir les journalistes de médias traditionnels au profit de nouveaux profils: 'experts' dit-on à la Voix du Nord. Ceux-ci sont-ils journalistes?", s'interroge l'auteur de l'étude.

Il cite également l'exemple des nouvelles recrues du groupe La Dépêche, des " 'voltigeurs', devant passer d'une rédaction à l'autre".

Parallèlement, les "pure players" continuent de monter en puissance et d'embaucher: Médiapart emploie ainsi 45 journalistes en CDI et le Huffington Post 30, rappelle l'étude.

Redressements judiciaires et baisse de diffusion

L'année dernière, le secteur a connu "un nombre important de dépôts de bilans (...) voire de disparitions de titres ou médias (Terra Eco, Pariscope, La Liberté de Comminges, Yagg.com)", pour quelques créations (Médiacité, Explicite, Mellow.) ou la relance de Têtu. L'étude revient aussi sur les principaux dossiers sociaux de l'année, notamment dans la presse quotidienne régionale (PQR), les news magazines et la chaîne d'info en continu iTÉLÉ devenue CNews.

Dans la PQR, deux redressements judiciaires (Paris-Normandie et La Marseillaise) pourraient aboutir à une diminution d'effectifs de journalistes tout comme les plans de départs à La Voix du Nord et la poursuite du plan au groupe "La Dépêche – Les Journaux du Midi".

Dans les news magazines, dont la diffusion a baissé de près de 10% en 2016, "il faut rappeler la perte de l'ordre de 65 journalistes à l'Express, alors qu'à L'Obs, le PSE concerne au minimum 31 postes. A suivre également le plan de relance de Marianne, même si la rédaction semble déjà a minima (une trentaine)", note l'étude.

Le départ des journalistes d'iTÉLÉ pas compensé

Le baromètre revient aussi sur la crise à iTÉLÉ , devenue CNews, où le conflit entre la rédaction et la direction s'est soldé "par le départ de 92 journalistes. Ceux-ci ne sont pas compensés par la quinzaine d'embauches réalisées depuis et la promesse d’une vingtaine supplémentaire d'ici la rentrée".

Parallèlement, entre le dynamisme de NextRadioTV (BFMTV, RMC), "qui en cinq ans a créé 173 postes de journalistes dans ses différentes antennes", le passage de LCI au gratuit, des embauches à France Médias Monde (France 24 et RFI) et le lancement de franceinfo, "le secteur de l'information en continu emploie un peu plus de 1.700 journalistes, avec la création de près de 250 emplois au cours des dernières années", souligne le baromètre.

G.D. avec AFP