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Les Européens divergent sur la réponse globale à la crise

Nicolas Sarkozy aux côtés du président du Conseil européen Herman Van Rompuy et de la chancelière allemande Angela Merkel, à Bruxelles. Les dirigeants européens vont devoir mettre les bouchées doubles s'ils veulent présenter fin mars, comme prévu, une rép

Nicolas Sarkozy aux côtés du président du Conseil européen Herman Van Rompuy et de la chancelière allemande Angela Merkel, à Bruxelles. Les dirigeants européens vont devoir mettre les bouchées doubles s'ils veulent présenter fin mars, comme prévu, une rép - -

par Julien Toyer et Yann Le Guernigou BRUXELLES (Reuters) - Les dirigeants européens vont devoir mettre les bouchées doubles s'ils veulent présenter...

par Julien Toyer et Yann Le Guernigou

BRUXELLES (Reuters) - Les dirigeants européens vont devoir mettre les bouchées doubles s'ils veulent présenter fin mars, comme prévu, une réponse globale à la crise.

Vendredi, ils se sont quittés divisés sur la plupart des aspects de cette réponse, à l'issue d'un premier sommet européen de l'année qui a duré beaucoup plus longtemps que prévu.

Sur le fond, les Vingt-Sept divergent sur la manière de réformer la Facilité européenne de stabilité financière (FESF) et sur les contreparties demandées par l'Allemagne à travers un "pacte de compétitivité" préparé à Berlin et endossé par Paris.

Sur la forme, la quasi totalité des Etats membres ont ouvertement reproché au couple franco-allemand la méthode consistant à "préempter" les débats, comme ils l'avaient déjà fait en octobre dernier lors de la déclaration de Deauville sur la réforme du Pacte de stabilité et de croissance.

"La discussion est assez vite montée en température", a expliqué un diplomate ayant suivi les discussions des chefs d'Etat et de gouvernement.

"(Donald) Tusk (le Premier ministre polonais) a demandé à (Nicolas) Sarkozy et (Angela) Merkel s'ils pensaient réellement qu'ils avaient le droit de traiter tous les autres de cette manière. Il s'est senti insulté", a ajouté ce diplomate.

Peu après l'ouverture du sommet, et alors que les autres dirigeants continuaient d'être réunis, le président français et la chancelière allemande ont décidé de faire une déclaration commune à la presse dans laquelle ils ont présenté ce pacte.

Celui-ci consiste en six mesures destinées à améliorer le potentiel de croissance et la compétitivité de la zone euro.

Il s'agit notamment de proposer un cadre commun pour lier l'âge de la retraite à l'évolution de la démographie, mettre fin aux systèmes d'indexation des salaires sur l'inflation ou encore l'inscription d'une "règle d'or" budgétaire dans les constitutions nationales.

Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy sera chargé de préparer ce nouveau pacte en vue du sommet des 24 et 25 mars et un sommet spécifique des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro sera organisé d'ici là afin de rapprocher les positions. Angela Merkel a précisé qu'il aurait lieu après le 9 mars.

Toute une série de pays - Belgique, Luxembourg, Autriche, Espagne - ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils n'accepteraient pas certaines des propositions.

"PAS DE RIGIDITÉS"

Après le sommet, Angela Merkel s'est déclarée satisfaite de la réponse à ses propositions mais Nicolas Sarkozy a souligné qu'il ne s'agissait pas "d'imposer à tout le monde la même chose".

"Il n'y a pas de rigidités", a-t-il insisté.

En parallèle à ces discussions, les Européens devront également se mettre d'accord sur la réforme du FESF, qui pose plus de problèmes encore.

Une série d'options sont actuellement sur la table, comme de permettre au FESF d'acheter des obligations des pays en difficulté sur les marchés primaire ou secondaire, de prêter des fonds à un pays pour racheter ses propres obligations ou d'émettre des lignes de crédit dites flexibles, comme le fait déjà le Fonds monétaire international.

Mais les autorités allemandes refusent de s'engager sur une telle intervention "de précaution" du FESF et veulent préserver la condition d'une utilisation du fonds uniquement en dernier recours ("ultima ratio").

"Sur le FESF, il est vrai que nous avons une sensibilité différente à celle de nos amis allemands", confesse-t-on de source française, tout en se félicitant que si Berlin est réticent il n'y est pas non plus hostile.

Selon plusieurs sources de haut rang participant aux négociations, Berlin est susceptible d'accepter que les garanties fournies au FESF soient augmentées afin de relever la capacité réelle d'emprunt.

Les taux d'intérêt auxquels les prêts aux pays en difficulté sont servis pourraient également être revus à la baisse.

Les Européens espèrent également se mettre d'accord d'ici fin mars sur la réforme du Pacte de stabilité et de croissance, en vue d'un accord final avec le Parlement européen en juin.

Les Etats entendent en outre mener à bien d'ici fin juin une nouvelle série de stress tests bancaires afin d'assainir le secteur et rassurer les investisseurs.

édité par Danielle Rouquié