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Le traité européen met les Verts en ébullition

Le président du groupe écologiste au Sénat, Jean-Vincent Placé, opposé au pacte budgétaire européen. La rentrée politique s'annonce compliquée pour les écologistes, à la recherche d'une position commune sur le traité européen auquel de nombreux militants

Le président du groupe écologiste au Sénat, Jean-Vincent Placé, opposé au pacte budgétaire européen. La rentrée politique s'annonce compliquée pour les écologistes, à la recherche d'une position commune sur le traité européen auquel de nombreux militants - -

par Claude Canellas POITIERS, Vienne (Reuters) - La rentrée politique s'annonce compliquée pour les écologistes, à la recherche d'une position...

par Claude Canellas

POITIERS, Vienne (Reuters) - La rentrée politique s'annonce compliquée pour les écologistes, à la recherche d'une position commune sur le traité européen auquel de nombreux militants et élus sont opposés, au risque de fragiliser la solidarité gouvernementale.

Une table ronde sur l'Europe qui s'est déroulée mercredi en fin de journée à Poitiers, où Europe Ecologie-Les Verts (EELV) tient ses universités d'été jusqu'à vendredi, a posé les termes du débat.

EELV veut gagner en crédibilité et peser sur les orientations de la nouvelle majorité présidentielle, à laquelle il appartient, sans perdre son originalité.

Le projet de loi sur le pacte budgétaire européen, qui doit être présenté le 19 septembre, pourrait être l'occasion pour EELV de marquer sa différence.

En dépit de la présence au gouvernement de deux ministres issus de leurs rangs, de nombreux élus écologistes n'hésitent pas à s'engager, à titre personnel, sur un vote négatif. Mais le parti ne devrait pas adopter de position officielle avant son conseil fédéral, prévu les 22 et 23 septembre.

La décision sera difficile à prendre pour un parti dont les membres disent ne pas "se retrouver" dans ce texte tout en revendiquant leur "fédéralisme" européen.

RESPONSABILITÉ

Parmi les opposants au traité figure le président du groupe écologiste au Sénat, Jean-Vincent Placé.

"Ma position n'a pas changé, je suis favorable à un non fédéraliste argumenté", dit-il, rappelant qu'il ne se sent pas tenu de voter le texte car il ne fait pas partie de l'accord entre EELV et le Parti socialiste.

Pour le sénateur, le rôle d'un parlementaire est de "dire aussi sa part de vérité". "C'est parce qu'on est capable de dire ce qu'on pense qu'on est de vrais soutiens", dit-il.

Un avis que ne semble pas partager le ministre du Travail, Michel Sapin, qui, dans un entretien au Figaro, appelle les écologistes à la "responsabilité". "Le débat est normal. Mais après, vient la responsabilité", prévient-il.

Pour Eva Joly, candidate malheureuse à l'élection présidentielle et qui réclame un référendum sur le traité, "le petit ajout que le président prétend avoir obtenu n'est pas à la mesure des enjeux".

Cette position lui a valu de vives critiques du député européen Daniel Cohn-Bendit, qui est pour sa part favorable à la signature du traité.

"Elle n'a qu'à faire un référendum sur l'euro en Norvège", a-t-il ironisé sur France Inter, estimant que les positions de l'ancienne magistrate étaient "très proches du Front de gauche".

Pour l'eurodéputé, les électeurs d'EELV ne veulent pas d'un parti "à la gauche de la gauche et le parti ne doit pas vouloir être au gouvernement et dans l'opposition en même temps.

Lors du débat sur l'Europe qu'animait mercredi Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly était au premier rang du public.

Elle n'est pas intervenue jusqu'à ce qu'une question du public ne lui soit adressée. Elle s'est alors levée, a dit posément tout ce qui l'opposait à ce traité avant de s'asseoir sous une véritable acclamation.

Du côté des militants et des sympathisants, les avis sont encore partagés.

Pour Rosy Inaudi, militante des Bouches-du-Rhône, "même si ce n'est pas parfait il faut bien commencer par quelque chose". "On ne peut pas dire non à tout, il faut accepter le compromis", dit-elle.

Venue des Landes, Jeanne Clément est plus radicale. "C'est un mauvais texte, on se doit donc de ne pas le voter. Faire des concessions à la marge, passe encore, mais là ça fait beaucoup".

La direction du parti, pour sa part, observe.

"Nous sommes le seul véritable parti européen fédéraliste de la classe politique française", souligne Pascal Durand, secrétaire national d'EELV. "Nous voulons porter plus d'Europe mais pas n'importe quelle Europe. Tout le débat est là. Le parti prendra vraisemblablement une position, et après les groupes parlementaires prendront leur responsabilité".

Avec Chine Labbé à Paris, édité par Gérard Bon