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Europe

Le marché européen de la cocaïne rattrape presque celui des USA

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant (au centre) et le ministre de la Justice Michel Mercier (à droite) accueillent l'Attorney General américain Eric Holder au G8, à Paris. Les pays les plus puissants de la planète et des délégués africains ont jeté l

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant (au centre) et le ministre de la Justice Michel Mercier (à droite) accueillent l'Attorney General américain Eric Holder au G8, à Paris. Les pays les plus puissants de la planète et des délégués africains ont jeté l - -

par Gérard Bon PARIS (Reuters) - Les ministres de l'Intérieur ou de la Justice du G8 et des délégués africains ont jeté mardi à Paris les bases...

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - Les ministres de l'Intérieur ou de la Justice du G8 et des délégués africains ont jeté mardi à Paris les bases d'un plan de guerre pour tenter d'enrayer l'expansion du trafic transatlantique de cocaïne.

Les pays les plus puissants de la planète sont partis du constat selon lequel la demande s'est déplacée depuis 1998 vers l'Europe.

Quatre fois moindre il y a dix ans qu'en Amérique du Nord, la valeur annuelle du marché en Europe est passée à 33 milliards de dollars pour presque rejoindre celle des Etats-Unis (37 milliards).

Deux tiers des utilisateurs de cocaïne en Europe vivent dans seulement trois pays, Royaume-Uni, Espagne et Italie, a souligné Youry Fedotov, directeur exécutif de l'Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

L'idée est donc de couper les "nouvelles routes" de la cocaïne, une grande partie du trafic s'opérant désormais d'Amérique du Sud par porte-conteneurs avec, parfois, une nouvelle porte d'entrée en Afrique de l'Ouest.

Youry Fedotov, pour qui le marché de la drogue représente 320 milliards de dollars par an, a souligné la "violence sans précédent" engendrée par le trafic en Amérique centrale, en particulier au Salvador, au Honduras et au Guatemala.

"La réponse à cette situation critique passe avant tout par un pacte politique renouvelé entre les Etats des deux rives de l'Atlantique", a-t-il dit.

DES AVIONS REMPLACENT LES MULES

Nicolas Sarkozy, qui a impulsé cette réunion, a proposé lundi la création d'un fonds international alimenté par les avoirs confisqués aux narcotrafiquants pour financer la lutte contre le trafic de drogue dans les Etats les plus fragiles.

Le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, a appelé en ouvrant la conférence à des "solutions de coopération renforcée" sur la route transatlantique de la cocaïne.

"Face à ces menaces très précises, nous avons tous intérêt à agir, les Européens pour réduire l'offre de drogue, les Africains pour enrayer les effets déstabilisateurs des trafics, les latino-américains pour couper les débouchés", a-t-il dit.

Pour concrétiser ces projets, la France a innové en réunissant à Paris, outre les ministres du G8 ou leurs représentants, les délégués de 14 pays concernés par le trafic, qu'ils soient producteurs ou consommateurs.

Sept organisations internationales étaient également conviées, d'Interpol à Europol en passant par les Nations unies, ainsi que des banques, comme la Banque mondiale et Banque africaine de développement.

SOUS-MARIN

Dans un rapport, l'ONUDC précise que les saisies de cocaïne en Europe avaient atteint 121 tonnes en 2006, avant de chuter à 53 tonnes en 2009.

"Mais le prix de la cocaïne pure n'a pas beaucoup augmenté en Europe, ce qui suggère que les trafiquants ont trouvé de nouvelles façons de se soustraire aux contrôle des forces de l'ordre", souligne-t-il.

Au début de l'année, en Colombie, la police a ainsi découvert un sous-marin voué au transport de cocaïne à partir de la côte Pacifique.

Paris, qui a des agents de liaison en Amérique du Sud, aux Caraïbes et en Afrique, veut intervenir davantage en amont avec ses moyens maritimes et prône le développement sur place de structures de coopération permanentes.

Claude Guéant a souligné l'importance du fléau en Afrique de l'Ouest, où les mules ou cargaisons maritimes sont peu à peu remplacées par de gros avions commerciaux d'occasion achetés par les trafiquants.

Les deux points d'appui sont les deux Guinée et le golfe du Bénin, a-t-il souligné.

Le ministre s'est inquiété de l'impact sur les pays de la région où les trafiquants s'assurent des complicités locales en cédant sur place une partie de leur marchandise, ouvrant ainsi des marchés secondaires.

"L'effet à plus long terme, par le biais de l'argent sale et de la corruption, peut être encore plus fort sur les institutions elles-mêmes", a-t-il dit.

Edité par Patrick Vignal