Le gavage des oies est-il de la maltraitance ?

Le Salon de l’agroalimentaire de Cologne prévu en octobre n’accueillera pas les producteurs de foie gras. Certains militants Allemands, considérant le gavage comme de la maltraitance, ont fait pression et ont été entendus. Dans le sud-ouest, cette décision provoque un véritable tollé. Et vous, qu’en pensez-vous ?

C’est un choc pour la filière foie gras française. Ils ne seront pas présents sur le Salon, « LA NOUGA » de Cologne qui se tient du 8 au 12 octobre prochain. En cause : les militants opposés au gavage des oies et des canards. Ces derniers ont fait pression sur l’organisation du Salon qui les a écoutée. Une interdiction de salon, c’est un manque à gagner mais également une image du produit égratigné. Cette décision de ne pas accueillir les producteurs de foie gras a fait réagir jusqu’au ministre français de l’agriculture, Bruno Le Maire qui a écrit la semaine dernière à son homologue allemande pour protester contre cette interdiction, menaçant de ne pas participer à l'ouverture du Salon, le 8 octobre.

« C’est de la discrimination et du chantage »

Alain Rousset est le président (PS) de la région Aquitaine, la première région française pour la production de canards gras (12,5 millions de têtes), et leader pour la production mondiale de foie gras d'oies et de canards. Pour lui, il s'agit clairement de « discrimination et encore une fois du chantage. De la discrimination parce qu'à ce moment-là, pourquoi accepter les producteurs d'agneaux, de viande bovine, de viande porcine, de poulet. Parce que ce n'est pas la première attaque contre le foie gras. Est-ce qu'il n'y a pas là des intérêts commerciaux cachés derrière le foie gras entre certains producteurs du Nord de l'Europe et certains pays du Sud ».

« Une décision hypocrite »

Pierre Cambar est le directeur de l'APRA, l'agence chargée de la promotion alimentaire des produits de la région Aquitaine. Il n'est pas vraiment surpris par cette décision qu'il regrette : « En 2009, on a senti, non pas au niveau des organisateurs, mais au niveau des mouvements écologistes, qu'il y avait des mouvements à l'extérieur de la NOUGA qu'il y avait quand même une pression forte. Cette pression on l'a bien ressentit. Deux ans après, les organisateurs, pour éviter ce type de comportements, ont pris une mesure que je trouve un peu hypocrite, ils ont tout simplement enlevé le mot Foie Gras de la liste des produits pouvant être présentés à leur salon ».

« Ils attaquent par le foie gras parce qu’on est une petite filière »

Thierry Blandinières est le président des entreprises Comtesse du Barry et Delpeyrat, spécialisées dans le foie gras et mondialement connues. Ses entreprises regroupent 1.000 des 2.500 producteurs de foie gras du Sud-Ouest. Il « espère que ça va rentrer dans l'ordre à la rentrée. Ce sera un épiphénomène. Parce qu'aujourd'hui ce qui est scandaleux c'est qu'une minorité d'activistes "anti foie gras" mais surtout anti viande, parce qu'il s'agit de végétariens aujourd'hui, attaquent par le foie gras le fait qu'ils veulent interdire au monde entier de manger de la viande. Ils attaquent par le foie gras parce qu'on est une petite filière et qu'on a moins les moyens de se défendre que toutes les grandes filières organisées de viande dans le monde ».

« Il faut obtenir une invitation de nos exportateurs »

Henri Emmanuelli est le président (PS) du Conseil général des Landes, département où sont installés de très nombreux producteurs. Il explique : « Moi quand je rentre dans un parc à canard, je n'ai pas remarqué qu'ils s'échappaient, j'ai plutôt remarqué qu'ils venaient vers vous. Il faudrait, peut-être, ne pas mélanger les choses. C'est à l'autorité publique allemande à prendre ses dispositions pour que ce genre de discrimination ne soit pas possible. Je ne pense pas que ça va faire capoter les accords sur l'euro mais c'est désagréable. Je pense en tout cas qu'il faut faire connaître notre réprobation et obtenir une invitation de nos exportateurs »

« Je suis contre le foie gras, contre le gavage »

Michèle Line est la porte-parole de Peta-France (Pour une Ethique dans le Traitement des Animaux). Elle est « contre le foie gras, contre le gavage, contre le confinement des animaux en cage individuel. Le fait d'interdire le la présence de producteurs de foie gras dans ce salon est effectivement une très très bonne nouvelle dans la mesure ou le foie gras ne se produit que par gavage. Donc effectivement c'est une bonne nouvelle pour les 81 millions d'animaux torturés tous les ans en France. Donc effectivement c'est une bonne nouvelle pour tous ces animaux ».

La Rédaction avec Jean-Wilfrid Forquès