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La qualité de l'accord dépend d'un compromis franco-allemand

Angela Merkel et François Hollande sur le perron de l'Elysée après un tête-à-tête pour préparer le sommet européen de jeudi et vendredi à Bruxelles. Seul un compromis entre la France et l'Allemagne permettra de déboucher à Bruxelles sur un accord suscepti

Angela Merkel et François Hollande sur le perron de l'Elysée après un tête-à-tête pour préparer le sommet européen de jeudi et vendredi à Bruxelles. Seul un compromis entre la France et l'Allemagne permettra de déboucher à Bruxelles sur un accord suscepti - -

BRUXELLES (Reuters) - Les dirigeants européens se retrouvent jeudi à Bruxelles pour une réunion au sommet où seul un compromis entre la France et...

BRUXELLES (Reuters) - Les dirigeants européens se retrouvent jeudi à Bruxelles pour une réunion au sommet où seul un compromis entre la France et l'Allemagne permettra de déboucher sur un accord susceptible de stabiliser la crise de la dette dans la zone euro.

Le terrain a été dégagé par le rapport présenté par les présidents Herman Van Rompuy (Conseil européen), José Manuel Barroso (Commission), Jean-Claude Juncker (Eurogroupe) et Mario Draghi (Banque centrale), qui énumèrent les quatre piliers d'une "véritable union économique et monétaire".

Ce document, qui ouvre la voie à une union bancaire, budgétaire et politique, a été bien accueilli dans la plupart des capitales, notamment à Paris, mais il reste à convaincre la chancelière Angela Merkel d'en accepter certaines parties.

François Hollande et Angela Merkel, dont l'entente déterminera la qualité de l'accord, ont tenté de rapprocher leurs positions lors d'une rencontre en tête-à-tête mercredi soir à Paris mais rien de substantiel n'a filtré.

"Il existe des points de convergence, nous avons beaucoup progressé, il existe encore des sujets de discussion, ils ont été traités par le président de la République et la chancelière hier et la discussion va se poursuivre aujourd'hui à 27", a déclaré jeudi sur i>TÉLÉ le ministre français des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve.

De source française, on juge que les pourparlers entre le président français et la chancelière allemande ont été "utiles".

Tous deux, dit-on à l'Elysée, ont exprimé leur détermination à parvenir à un accord au Conseil européen de Bruxelles pour stimuler la croissance et assurer la stabilité de la zone euro.

Avant la réunion, François Hollande a estimé que les deux pays avaient la même vision globale.

"LA SITUATION EST SÉRIEUSE"

"Nous voulons l'un comme l'autre approfondir l'union économique, monétaire et demain politique pour arriver à une intégration et à une solidarité, l'intégration autant qu'il est nécessaire, la solidarité autant qu'il est possible", a-t-il déclaré, la chancelière à ses côtés.

Angela Merkel n'a pas utilisé les mêmes mots, tant il est vrai qu'elle n'envisage, elle, de saut significatif en matière de mutualisation des risques au sein de la zone euro, financiers notamment, qu'adossé à un bond en avant en matière de partage de souveraineté et de contrôle.

"La situation est sérieuse et nous avons l'obligation de construire l'Europe forte et stable de demain", a-t-elle dit. "Il nous faut une Europe qui fonctionne. Les marchés attendent cela d'elle et il nous faut une Europe dont les membres s'entraident les uns les autres."

La divergence fondamentale est donc toujours la même : le bond vers le fédéralisme, et donc le contrôle supranational sur les budgets nationaux qui déraperaient, doit-il précéder la mise en place d'instruments de solidarité (version allemande) ou chaque pas vers la solidarité doit-il être accompagné par un approfondissement de l'intégration (version française) ?

S'il est probable qu'un terrain d'entente sera trouvé à Bruxelles - "Nous avons une obligation de résultat", dit un diplomate allemand - c'est de sa qualité que dépendra la réaction des marchés lundi à l'ouverture des Bourses.

ACCORD SUR LA CROISSANCE

Certains dossiers font déjà l'objet d'un accord.

Angela Merkel, François Hollande, ainsi que leurs homologues espagnol et italien ont ouvert vendredi dernier à Rome la voie à un accord sur un plan de 130 milliards d'euros pour relancer la croissance et sur la mise en oeuvre d'une taxe sur les transactions financières (TTF) dans le cadre d'une coopération renforcée.

Mais il s'agit d'une goutte d'eau dans le PIB européen et d'autres instruments seront nécessaires pour stabiliser durablement la situation de la zone euro.

Le président du Conseil italien, Mario Monti, propose ainsi, avec le soutien de la France, d'autoriser le Fonds et le Mécanisme européens de stabilité financière (FESF et MES) à acheter de la dette souveraine sur le marché secondaire pour faire baisser le coût des emprunts des Etats en difficulté.

Herman Van Rompuy et ses trois collègues reconnaissent implicitement cette urgence dans leur rapport, en plaçant en tête des priorités la constitution d'une union bancaire pour casser le cercle vicieux dette souveraine-crise des banques par la mise en place de mécanismes supranationaux de supervision, de garantie des dépôts et de restructuration.

Le débat sur la mutualisation au moins partielle de la dette sera le point le plus délicat du sommet et, au stade actuel, seule une perspective semble pouvoir être ouverte.

Les Vingt-sept n'entreront véritablement dans le vif du sujet qu'à partir de 18h00 ce jeudi, avec l'examen du projet de pacte de croissance, puis un dîner de travail notamment consacré au rapport Van Rompuy-Barroso-Juncker-Draghi.

Vendredi, les 17 dirigeants de la zone euro se retrouveront pour déjeuner, avant qu'Angela Merkel retourne à Berlin pour assister à la ratification par le Parlement allemand du pacte budgétaire signé le 2 mars 2012 par 25 des 27 pays de l'UE.

Un pacte que François Hollande avait promis pendant la campagne de l'élection présidentielle française de renégocier pour y introduire un volet croissance et dont la ratification par la France dépend des résultats du Conseil de jeudi et vendredi, déclare-t-on dans son entourage.

Emmanuel Jarry, avec Yves Clarisse à Paris, édité par Gilles Trequesser