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La présidence belge de l'UE s'annonce chargée mais discrète

La Belgique, qui prend ce jeudi les rênes de l'Union européenne, a fait de la discrétion la valeur cardinale de sa présidence européenne, au cours de laquelle elle souhaite achever la mise en place des institutions créées par le traité de Lisbonne. /Photo

La Belgique, qui prend ce jeudi les rênes de l'Union européenne, a fait de la discrétion la valeur cardinale de sa présidence européenne, au cours de laquelle elle souhaite achever la mise en place des institutions créées par le traité de Lisbonne. /Photo - -

par Julien Toyer BRUXELLES (Reuters) - La Belgique, qui prend ce jeudi les rênes de l'Union européenne, a fait de la discrétion la valeur cardinale...

par Julien Toyer

BRUXELLES (Reuters) - La Belgique, qui prend ce jeudi les rênes de l'Union européenne, a fait de la discrétion la valeur cardinale de sa présidence européenne, au cours de laquelle elle souhaite achever la mise en place des institutions créées par le traité de Lisbonne.

Ce semestre européen, le douzième de l'histoire du pays, n'en sera pas moins chargé avec la création attendue des nouvelles autorités de supervision des marchés, de la banque et de l'assurance, la régulation européenne des "hedge funds" ou encore plus de 70 textes législatifs en attente de conclusion.

"Pour les fonds spéculatifs, nous allons faire des propositions prochainement ; pour la supervision, les choses pourraient évoluer au cours des prochains jours ; enfin pour la directive CRD 3 (sur les fonds propres des banques), nous espérons un accord dès le conseil Ecofin de juillet", explique une source proche de la présidence belge.

Malgré l'engagement de l'Espagne de faire aboutir ces textes sous sa présidence, les différences entre Etats membres - en particulier la Grande-Bretagne - et eurodéputés sur ces questions sont pour l'instant restées irréconciliables.

Conscientes de la difficulté de la tâche, les autorités belges ont prévenu qu'elles n'hésiteraient pas à forcer un vote à la majorité qualifiée sur ces questions pour obtenir un accord.

Parmi leurs autres priorités, figurent l'instauration d'un système de taxes bancaires dans l'UE, l'idée d'une taxe sur les transactions financières et la conclusion de la réforme de la gouvernance économique européenne.

Sur ce point, la Belgique envisage de convoquer après le mois d'octobre, une fois que le groupe de travail présidé par le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, aura remis son rapport final, une "convention" réunissant Etats membres, Parlement, Commission et partenaires sociaux pour entériner cette réforme.

NOUVEAU TRAITÉ, NOUVELLES PRATIQUES

Au-delà de ces sujets brûlants et la gestion de la crise de la dette en zone euro, qui pourrait à nouveau perturber le calendrier communautaire, la Belgique s'est fixé pour mission d'apurer le passif législatif européen créé à la faveur des élections de 2009, des hésitations à reconduire José Manuel Barroso et de la dure ratification du traité de Lisbonne.

Après un semestre de présidence espagnole marqué par une entrée en fonction parfois hésitante du nouveau président du Conseil européen et de la Haute représentante pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, le pays souhaite marquer une rupture et installer une nouvelle pratique des institutions.

Alors que l'ancien Premier ministre belge et l'ancienne commissaire européenne au Commerce ont parfois dû faire face à la concurrence volontaire ou involontaire des ministres ou du président du gouvernement espagnols, les responsables belges prônent discrétion et effacement.

Ils veulent en outre aider les nouvelles autorités européennes à trouver définitivement leurs marques.

La création du service d'action extérieure, un corps diplomatique composé de plusieurs milliers de personnes, est ainsi attendue pour le 1er décembre.

De son côté, Herman Van Rompuy aura le champ libre pour organiser une série de sommets européens extraordinaires sur la gouvernance mondiale, le changement climatique ou la sécurité énergétique entre septembre et janvier.

Souvent pointé du doigt comme un élément déstabilisateur, le calendrier électoral belge, et la possibilité d'un changement de gouvernement en cours de présidence, ne devrait pas avoir de conséquences majeures et pourrait même, au contraire, avoir un effet bénéfique inattendu sur les nouvelles institutions.

Édité par Gilles Trequesser