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La ligne ferroviaire Lyon-Turin lancée au sommet franco-italien

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par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Le projet de ligne ferroviaire transalpine Lyon-Turin, programme pharaonique rappelant celui du tunnel sous la...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Le projet de ligne ferroviaire transalpine Lyon-Turin, programme pharaonique rappelant celui du tunnel sous la Manche, devrait prendre corps au XXXe sommet franco-italien qui réunira lundi à Lyon François Hollande et Mario Monti.

Le gouvernement français a examiné cette semaine en conseil des ministres le projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre Paris et Rome, nécessaire à la naissance de ce tronçon à grande vitesse censé mettre Milan à quatre heures de Paris, contre sept aujourd'hui, à l'horizon 2028-2029.

Soit trois à quatre ans de plus que la date de 2025 avancée initialement, il y a une vingtaine d'années.

Le sommet de Lyon sera l'occasion de "confirmer le projet avec un accord sur le calendrier, la procédure et la répartition", précise-t-on côté français.

Le financement de la ligne, évalué à 25 milliards d'euros au total, reste la grande inconnue en cette période de crise qui met en veilleuse bon nombre de projets jugés trop coûteux.

La seule construction du tunnel sous les Alpes devrait coûter 8,5 milliards d'euros, dont 2,9 milliards pour l'Italie et 2,2 milliards pour la France, les 40% restant devant être à la charge d'une Union européenne qui a toutes les peines à s'entendre sur son enveloppe budgétaire 2014-2020.

La ligne doit permettre de basculer de la route vers le rail le transport de marchandises à travers la plus haute chaîne de montagnes d'Europe, augmentant considérablement le volume de fret entre les deux pays.

Le projet, défendu à Paris et Rome, est contesté par des associations environnementales et des riverains.

Des manifestations sont prévues lundi à Lyon, où convergera une partie des gouvernements français et italien. Un important dispositif de sécurité est prévu dans la ville et aux abords de la préfecture du Rhône, où se tiendra le sommet.

A plusieurs reprises ces derniers mois, des opposants au projet ont saboté des lignes SNCF dans la région.

MANIFESTATIONS

"C'est un projet à forte ambition environnementale, qui permettra de réduire le trafic routier et nombre de nuisances tout en améliorant la sécurité", fait-on valoir à Paris.

S'il n'a pas prévu de recevoir les représentants des opposants à Lyon, "le gouvernement français reste à l'écoute de la société civile", dit-on à l'Elysée.

Dans un rapport sur l'état des finances publiques publié en juillet, la Cour des comptes pointait du doigt les projets d'infrastructures de transport lancés sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy et s'inquiétait, entre autres, du coût de la liaison Lyon-Turin.

"Le gouvernement est toujours attentif à ce que dit la Cour des comptes", dit un conseiller de François Hollande. "Le gouvernement précédent avait engagé quelque 200 milliards. On a examiné la pertinence et la viabilité de chaque projet, et décidé que la ligne Lyon-Turin serait prioritaire".

A ceux qui doutent de la viabilité de ce programme maintes fois reporté, l'entourage de François Hollande répond qu'"on n'est pas du tout dans l'ordre de l'éléphant blanc", faisant aussi valoir que les travaux ont déjà commencé.

Le sommet franco-italien, auquel participeront huit ministres côté français, sera aussi l'occasion de constater des relations "au beau fixe" sur les dossiers européens, d'évoquer la coopération en matière de défense et de sécurité.

Au chapitre économique et industriel, Paris et Rome veulent mettre en place un comité de discussion piloté par les ministères concernés avec le concours de deux grands patrons : Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, et Gabriele Galateri di Genola, de Generali.

France et Italie vont par ailleurs signer une convention de coopération visant à mettre fin à l'impunité des conducteurs coupables d'excès de vitesse, afin qu'ils paient une amende même quand l'infraction n'a pas été commise dans leur pays.

Avec Catherine Lagrange à Lyon, édité par Emmanuel Jarry