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La gauche antilibérale mobilisée contre le traité européen

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par Chine Labbé PARIS (Reuters) - La gauche antilibérale a décrété mardi la mobilisation contre la ratification du traité budgétaire européen, que...

par Chine Labbé

PARIS (Reuters) - La gauche antilibérale a décrété mardi la mobilisation contre la ratification du traité budgétaire européen, que les députés français examineront à partir du 2 octobre, avec pour point d'orgue une manifestation nationale le 30 septembre.

Le Front de gauche et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) participent à cette campagne, aux côtés d'Attac, de la fondation Copernic ou encore de l'Union syndicale Solidaires.

Le Conseil constitutionnel, saisi par l'exécutif, a décidé le 10 août qu'une révision de la Constitution n'était pas nécessaire pour adopter ce traité et qu'un projet de loi organique suffisait pour faire voter la "règle d'or" budgétaire qui interdit les déficits publics.

Un processus considéré comme "antidémocratique" par ces forces de gauche, qui jugent ce traité "socialement inacceptable" car menant d'après eux à une austérité sans fin.

Le Front de gauche demande ainsi la tenue d'un référendum sur le sujet, et les députés FG déposeront une motion en ce sens lors de l'examen du texte, indique le président du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon sur son blog.

"L'Europe est au bord du gouffre, et il est temps pour les citoyens d'intervenir", a dit lors d'une conférence de presse Thomas Coutrot, co-président d'Attac France.

Après un couac sur la manifestation, annoncée par Jean-Luc Mélenchon sans concertation avec ses partenaires, certains syndicats ont annoncé qu'ils n'appelleraient pas à défiler.

Mais il s'agit là d'un "épiphénomène", assurent les forces coalisées, mettant en avant la "dynamique unitaire" de leur mouvement, qui va selon eux au-delà de la manifestation.

"Le 30 septembre sera un signal de départ", souligne le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent. "La bataille va se mener dans la durée pour faire reculer des logiques d'austérité en France et en Europe", ajoute-t-il, évoquant notamment la préparation d'un sommet alternatif européen en Grèce en 2013.

Alors que la droite s'apprête à appuyer la ratification du texte, le pacte budgétaire européen porté par le gouvernement socialiste divise profondément la gauche.

UN DÉBAT QUI TRAVERSE LA GAUCHE

Le Front de gauche, mais aussi plusieurs élus de l'aile gauche du PS et d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ont annoncé qu'ils voteraient contre, poussant le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à rappeler la majorité à l'ordre.

Pour les signataires de l'appel à la mobilisation, il s'agit de démontrer que "les forces qui sont opposées à ces logiques d'austérité sont très larges dans le pays", dit Pierre Laurent.

"Les appels à la discipline ne feront pas taire le débat qui traverse la gauche, et qui la traverse depuis 2005", date du "non" à la Constitution européenne, ajoute-t-il, appelant des socialistes et écologistes à rejoindre le mouvement.

Mais pour l'heure, aucune décision n'a été prise au sein d'EELV, qui adoptera une position officielle lors de son conseil fédéral les 22 et 23 septembre.

"Nous attendons d'avoir les textes (examinés début octobre) pour nous prononcer", a répété mardi François de Rugy, co-président du groupe écologiste.

En 2005, le "non" au traité constitutionnel européen, porté notamment par la gauche antilibérale, et déjà, par Jean-Luc Mélenchon, alors membre du Parti socialiste, l'avait emporté avec 55% des voix.

"La stratégie en 2005 des oui-ouistes, c'était de nous présenter les choses de manière inéluctable, là c'est la stratégie du silence", a dit mardi Olivier Besancenot, du NPA.

La mobilisation contre le traité européen monte également du côté de l'extrême droite. La présidente du Front national Marine Le Pen a ainsi promis une campagne pour exiger un référendum.

"Dans cette affaire, nous voulons reconstituer l'hégémonie du 'non' de gauche sur le 'non'", insiste Jean-Luc Mélenchon au magazine Les Inrockuptibles à paraître mercredi.

"Cela nécessite la jonction de mouvements comme le nôtre avec la mouvance associative, sociale, syndicale", ajoute-t-il.

Avec Emile Picy, édité par Yves Clarisse