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La CFDT prête à un dialogue social à l'allemande

Laurent Berger, nouveau numéro un de la CFDT, a fait savoir jeudi lors de son premier discours que le syndicat était prêt à relever le défi de réformes structurelles et à promouvoir en France un dialogue social inspiré du modèle nord-européen. /Photo d'ar

Laurent Berger, nouveau numéro un de la CFDT, a fait savoir jeudi lors de son premier discours que le syndicat était prêt à relever le défi de réformes structurelles et à promouvoir en France un dialogue social inspiré du modèle nord-européen. /Photo d'ar - -

par Emmanuel Jarry PARIS (Reuters) - La CFDT est prête à relever le défi de réformes structurelles et à promouvoir en France un dialogue social...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - La CFDT est prête à relever le défi de réformes structurelles et à promouvoir en France un dialogue social inspiré du modèle nord-européen, a fait savoir jeudi son nouveau numéro un, qui s'est démarqué dès son premier discours de la CGT et de FO.

La CFDT entend rester un "contre-pouvoir autonome et exigeant", a déclaré devant 1.300 cadres de la première centrale syndicale française en nombre de militants Laurent Berger, qui a succédé mercredi soir, à 44 ans, à François Chérèque.

Mais elle entend également prouver qu'une complémentarité entre démocratie politique et démocratie sociale est possible et faire la démonstration, "à l'image de certains de nos voisins européens, que le dialogue social va résolument de pair avec le dynamisme économique et le progrès social", a-t-il poursuivi.

"Là se dessine peut-être un véritable tournant du syndicalisme français", a-t-il estimé, tout en admettant que cette perspective avait des "détracteurs très ardents" dans les rangs politiques comme chez les partenaires sociaux.

S'il n'a pas cité nommément l'Allemagne, Laurent Berger avait de toute évidence à l'esprit les relations entre les syndicats, les entreprises et les pouvoirs publics outre-Rhin, souvent citées en modèle ces dernières années.

En présence de quatre anciens secrétaires généraux de la CFDT - François Chérèque, Nicole Notat, Jean Kaspar et Edmond Maire - il n'a pas hésité à parler de cogestion, mot tabou en France mais souvent utilisé pour décrire le système allemand.

"Dans cette période de crise grave (...) nous sommes prêts à prendre nos responsabilités et à relever le défi de réformes structurelles", a déclaré Laurent Berger.

"Certains nous reprochent de vouloir cogérer, co-construire. Et pourquoi pas !" a-t-il ajouté. "Nous en avons assez de jouer les pompiers quand tout est déjà décidé."

EFFORTS "JUSTES ET PARTAGÉS"

La dette publique est un "lourd handicap", le modèle français de production et de consommation est "à bout de souffle", le déficit de compétitivité de l'économie française est "réel" et "fragilise les entreprises", a-t-il souligné.

"Alors oui, des réformes profondes doivent être menées parce que nous ne pouvons pas tricher avec le réel."

Mais si des efforts importants sont nécessaires, ils doivent être "justes et partagés" a ajouté Laurent Berger, qui plaide pour une fiscalité "claire et équitable" parce que la crise ne touche pas tout le monde de la même manière.

Il a ainsi marqué d'entrée sa différence avec les deux autres grandes centrales françaises, la CGT et Force ouvrière.

"Sur fond de course à la représentativité, certains de nos partenaires syndicaux sont hésitants, d'autres repliés sur leur dogmes", a souligné le nouveau numéro un de la CFDT.

Les salariés français n'attendent pas de leurs représentants des "discours prometteurs" ou des "réquisitoires vengeurs" mais des solutions concrètes à leurs difficultés, a-t-il dit.

"Le bord de touche et la fuite en avant des surenchères, nous les laissons à ceux qui préfèrent le refuge du commentaire à l'effort de compréhension, à la rudesse du terrain, à la recherche des compromis possibles."

Il a aussi accusé le patronat, "traversé par des luttes de leadership" et "divisé dans ses intérêts", de peiner à définir une "ligne claire" et de rechigner à moderniser sa pensée.

"Le patronat ne peut pas gagner sur tous les tableaux", a insisté Laurent Berger, pour qui "personne, aucune organisation syndicale ou patronale ne pourra se défausser à moindre coût".

Des propos tenus à la veille de la reprise de négociations laborieuses sur la réforme du marché du travail, dont la CFDT attend des contreparties en matière de sécurisation de l'emploi aux 20 milliards d'euros de crédit d'impôt accordés par le gouvernement aux entreprises pour améliorer leur compétitivité.

Juste avant de monter à la tribune, Laurent Berger avait confié à des journalistes qu'il était "inquiet" du déroulement de ces négociations, qui ont surtout été jusqu'ici un dialogue de sourds entre syndicats et patronat, alors qu'elles sont censées déboucher à la fin de l'année.

Edité par Yves Clarisse