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Europe

L'Ukraine, deuxième guerre européenne la plus sanglante après 1945

Un char pro-russe dans la région de Lougansk, en octobre 2014.

Un char pro-russe dans la région de Lougansk, en octobre 2014. - Dimitar Dilkoff - AFP

François Hollande et Angela Merkel tentent de mettre fin à dix mois de conflit entre l'Ukraine et la Russie. Une guerre sanglante, dont le bilan est parmi les plus meurtriers en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Retour sur ces conflits modernes qui ont déchiré le continent.

Cela fait dix mois que le conflit ukrainien fait rage. Aux portes de l'Europe, l'Ukraine et la Russie se livrent une guerre sans merci, à laquelle François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et Petro Porochenko vont tenter de mettre fin au sommet de Minsk. Depuis près d'un an, à trois heures d'avion de Paris, ce conflit a déjà fait plus de 5.300 morts.

Un bilan très lourd, qui n'est pourtant pas le plus sanglant qu'ait connu le continent européen. Depuis 1945, il a vu s'affronter en son sein des populations en mal d'indépendance, fragilisées notamment par la chute du mur de Berlin. Retour sur trois conflits sanglants à l'Est de l'Europe.

> Chypre-Turquie: 3.500 morts, 1.600 disparus

Le conflit: Le 20 juillet 1974, 14 ans après l'indépendance de Chypre, le gouvernement turc commence à déployer des troupes sur l'île, officiellement en réponse au coup d'Etat commis par des officiels grecs contre le président chypriote. L'opération Attila commence, suivie de l'opération Attila II: le conflit oppose soldats turcs et chypriotes turcs aux chypriotes grecs. A l'issue de ces deux opérations, la Turquie finit par occuper 38% du territoire de l'île.

Le bilan: La première conséquence est territoriale: une ligne verte constituant une barrière physique sépare les deux entités de l'île. Cette ligne existe toujours. Le conflit provoque des pertes importantes: sur 640.000 habitants, 3.500 sont déclarés morts et 1 600 disparus, rappelle La Revue géographique de l'Est. Près de 210.000 réfugiés grecs sont déplacés dans des camps, au sud de la ligne Attila.

> L'ex-Yougoslavie: plus de 100.000 morts

Les conflits: Les guerres en ex-Yougoslavie comptent parmi les plus importantes qu'ait connu le continent européen depuis la Seconde guerre mondiale. Après la chute du mur de Berlin, le parti communiste s'effondre en Yougoslavie. Les différentes populations aspirent à l'autonomie, le nationalisme monte. Un immense conflit éclate. Il implique la Bosnie, la Croatie, la Serbie, la Macédoine, la Slovénie et le Kosovo. 

Le bilan: Le plus sanglant sera celui de Bosnie. Entre avril 1992 et novembre 1995, date des accords de paix de Dayton, on compte plus de 100.000 morts et plus de 2 millions de déplacés, selon le Tribunal pénal international pour la Yougoslavie. Parallèlement, entre 1991 et 1995, le conflit en Croatie fera environ 20.000 morts et 500.000 déplacés.

La guerre au Kosovo est la dernière que connaîtra l'ex-Yougoslavie au 20e siècle. De mars 1998 à décembre 1999, il oppose l'armée yougoslave à l'armée de libération du Kosovo et les forces de l'Otan. Plus de 10.000 personnes trouvent la mort. Là encore, le conflit a entraîné d'importants mouvements de population: près de 750 000 réfugiés albanais regagnent le pays après le conflit, tandis qu'environ 100 000 serbes fuient par peur de représailles, rappelle la revue géographique de l'Est.

> L'Ossétie du Sud: moins de 1.500 morts

Le conflit: c'est sans doute le plus récent depuis l'Ukraine. En août 2008, il oppose la Géorgie à sa province séparatiste d'Ossétie du Sud, soutenue et formée par la Russie. La guerre s'étend ensuite à une autre province géorgienne séparatiste, l'Abkhazie.

Le bilan: les pertes humaines ne sont pas établies avec certitude. Tbilissi et Moscou se livrent à une guerre médiatique, et s'accusent mutuellement de nettoyage ethnique. Selon les sources, on compterait entre quelques centaines et plus de 1.500 tués parmi les civils ossètes, à la suite de l'invasion géorgienne. Plus de 150.000 personnes auraient été déplacées. Une majorité a fui l'Ossétie du Sud vers l'Ossétie du Nord, en Russie.

Ariane Kujawski