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L'UE se donne du temps sur la Grèce et le FESF

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à Berlin, le 9 octobre. Alors que les Européens peinent à s'accorder sur la réforme du fonds de soutien à la zone euro et la révision de l'aide à la Grèce, Paris et Berlin ont annoncé la tenue d'un deuxième sommet d'ici me

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à Berlin, le 9 octobre. Alors que les Européens peinent à s'accorder sur la réforme du fonds de soutien à la zone euro et la révision de l'aide à la Grèce, Paris et Berlin ont annoncé la tenue d'un deuxième sommet d'ici me - -

par Julien Toyer BRUXELLES (Reuters) - Les pays de l'Union européenne se sont entendus jeudi pour recapitaliser leurs banques à hauteur de 100...

par Julien Toyer

BRUXELLES (Reuters) - Les pays de l'Union européenne se sont entendus jeudi pour recapitaliser leurs banques à hauteur de 100 milliards d'euros mais de profondes divergences entre Paris et Berlin sur la manière de réformer le fonds de soutien à la zone euro les ont poussé à nouveau à différer leurs décisions les plus importantes.

A la demande de Paris et Berlin, un sommet supplémentaire de la zone euro sera organisé mercredi prochain pour non seulement s'entendre sur la manière de maximiser la puissance de tir du Fonds européen de stabilité financière (FESF), l'un des éléments attendus par les marchés pour combattre la crise, mais aussi réviser le nouveau plan de sauvetage de la Grèce.

Un nouvel échec pourrait entamer définitivement la confiance des investisseurs dans la capacité des Européens à mettre un point final à la crise de la dette et placer ces derniers dans une position particulièrement inconfortable en vue du sommet du G20 de Cannes début novembre.

Les Vingt-Sept sont toutefois parvenus à faire des progrès sur le volet bancaire de la "réponse globale" qu'ils espéraient présenter dimanche.

Selon plusieurs sources européennes et bancaires, ils se sont notamment entendus pour injecter 100 milliards d'euros dans les établissements bancaires du continent afin de renforcer leur capital, une décision qui était attendue afin de prendre en compte la dépréciation des titres souverains des pays de la zone euro.

"Le chiffre a été discuté avec les Etats membres. Il est maintenant acceptable pour tous", a expliqué une source au fait des discussions.

Les banques devront d'abord faire appel à leurs réserves internes ou au marché puis à des fonds nationaux. Une fois ces possibilités épuisées, il pourront recourir aux fonds du FESF.

FESF, GRÈCE

Face aux difficultés à s'entendre sur la réforme du FESF et sur les contours du nouveau plan de sauvetage de la Grèce, Paris et Berlin se sont entendus pour ce rendez-vous supplémentaire des chefs d'Etat et de gouvernement de la monnaie unique, à Bruxelles.

Le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel ont également annoncé dans un communiqué commun qu'ils se retrouveraient dès samedi soir à Bruxelles pour évoquer les différents sujets de ces réunions.

Concernant le FESF, Paris insiste pour que le fonds reçoive une licence bancaire, ce qui lui permettrait d'avoir accès à des financements de la Banque centrale européenne et de multiplier sa capacité d'action par un facteur allant jusqu'à cinq.

Berlin se refuse toutefois à cette possibilité et planche sur une autre solution consistant à permettre au FESF de payer les intérêts de la dette des pays bénéficiant d'un programme d'aide international.

Ce dernier mécanisme est toutefois loin de faire l'unanimité entre les pays de la monnaie unique.

Selon plusieurs sources, Paris et Berlin ne parviennent pas non plus à s'entendre sur le montant de la participation des banques au nouveau plan de sauvetage de la Grèce.

Les autorités allemandes, en particulier le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, insistent pour que l'enveloppe de 50 milliards d'euros négociée le 21 juillet dernier soit considérablement revue à la hausse, au besoin en forçant les banques à faire un effort supplémentaire.

"(Wolfgang) Schäuble est celui qui pousse le plus pour que la décote (sur les titres grecs) aille au moins à 50%, voire plus", a dit l'une des sources.

Selon ces mêmes sources, l'idée fait son chemin auprès de plusieurs Etats membres de ne pas se limiter à une participation volontaire des banques mais de les forcer à un plan plus ambitieux pour la Grèce.

"Soyons sérieux, tout le monde sait que lorsque l'on demande une décote de 50%, comme le fait l'Allemagne, ce n'est pas une décision volontaire", a insisté l'une d'entre elles.

Une autre source a indiqué que des pays travaillaient désormais sur des scénarios "agressifs" en matière de réduction de la dette grecque.

LES MARCHÉS SCEPTIQUES

S'ils divisent les Européens, ces scénarios sont toutefois nécessaires pour contenter le Fonds monétaire international, qui s'inquiète de la capacité de la Grèce à gérer sa dette et attend les résultats du sommet de dimanche afin de débloquer la prochaine tranche d'aide à Athènes, selon trois sources.

La position du FMI ne devrait toutefois pas mettre en péril le versement de 8 millions d'euros à Athènes mi-novembre, faute de quoi la Grèce ferait défaut et risquerait d'entraîner dans sa chute l'Espagne et l'Italie, provoquant une onde de choc aux répercussions difficilement mesurables pour le secteur bancaire européen.

La Grèce est plongée dans la récession et sa dette devrait continuer de grimper à 357 milliards d'euros cette année, soit environ 162% de son PIB, un montant que la plupart des économistes estiment impossible à honorer.

Alors que les manifestations se sont poursuivies à Athènes, les marchés ont accueilli froidement cette cacophonie européenne après avoir un temps espéré en début de semaine une résolution prompte de la crise.

L'euro a d'abord chuté sur des rumeurs de report du sommet, il a ensuite rebondi lorsque celles-ci ont été démenties.

Les analystes sont eux-aussi sceptiques.

"Je ne pense pas qu'ils puissent répondre aux attentes. Les résultats du sommet seront très largement en deçà du big bang dont avaient besoin les marchés pour être rassurés", a dit Simon Tilford, chef économiste du Centre for European Reform à Londres.

Avec Yann Le Guernigou et Emmanuel Jarry et les bureaux de Bruxelles et Berlin, édité par Gregory Schwartz