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Europe

L'UE approuve l'étiquetage des produits des colonies, et provoque la colère d'Israël

Sur un marché de Gaza, en juillet 2015. (photo d'illustration)

Sur un marché de Gaza, en juillet 2015. (photo d'illustration) - Mohamed Abed- AFP

La Commission européenne a demandé mercredi aux 28 Etats membres de mettre en oeuvre l'étiquetage des produits originaires des colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés depuis 1967, selon un communiqué officiel. Une décision qui a déclenché la colère de l'Etat hébreu.

L'annonce a provoqué la colère d'Israël. L'Union européenne a approuvé ce mercredi la mise en oeuvre de l'étiquetage des produits originaires des colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, une mesure aussitôt dénoncée par Israël qui a averti qu'elle pourrait endommager ses relations avec l'Union. 

La décision controversée, attendue depuis des mois mais reportée à plusieurs reprises, a été approuvée lors d'une réunion du collège des commissaires européens à Bruxelles, selon une source de la Commission. 

Israël dénonce une "mesure discriminatoire" 

Israël a aussitôt condamné l'annonce et convoqué le représentant de l'Union européenne en Israël. Le ministère israélien des Affaires étrangères a fustigé une "mesure discriminatoire" prise pour des "raisons politiques", qui à ses yeux compliquera encore davantage le processus de paix avec les Palestiniens, au point mort depuis le printemps 2014. 

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait affirmé en septembre que l'initiative de l'UE rappelait "une époque où les produits des Juifs étaient étiquetés", en faisant référence à la période nazie.

Les responsables israéliens ont d'ores et déjà mis en garde l'UE contre les "implications" de ses directives relatives à l'étiquetage. "Depuis l'entrée en fonction de la nouvelle équipe à la tête de l'UE (il y a un an) nous avons clairement dit en Israël que nous nous félicitions des contributions de l'UE au processus de paix. Ce qui arrive pourrait nous forcer à reconsidérer" cette position, a prévenu dès mardi le chef de la mission israélienne auprès de l'UE à Bruxelles, David Walzer.

Par ailleurs, Israël a indiqué mercredi que ses diplomates ne participeront pas à un certain nombre de réunions avec l'Union européenne (UE). "Compte tenu de la dernière décision de l'UE, Israël suspend son dialogue diplomatique avec elle dans plusieurs forums qui devaient avoir lieu au cours des prochaines semaines", a affirmé le ministère israélien des Affaires étrangères.

"Mesure technique"

Face à la colère du gouvernement israélien, l'Union européenne s'est efforcée de minimiser la portée de son geste. "C'est une question technique, pas une prise de position politique", a insisté mercredi le vice-président de l'exécutif européen Valdis Dombrovskis lors d'un point presse, rappelant que l'UE ne soutenait "aucune forme de boycott ou de sanctions contre Israël".

Débattue depuis 2012, cette décision qui s'impose aux 28 Etats membres vise à informer les consommateurs européens de l'origine des produits qu'ils consomment, conformément à la législation commerciale de l'UE, selon la Commission.

Elle porte désormais l'obligation à l'industrie alimentaire et à la distribution de mentionner spécifiquement sur les étiquettes que les marchandises viennent des colonies, qui pour l'UE comme pour la communauté internationale, ne font pas partie du territoire d'Israël.

Or aujourd'hui les produits des implantations israéliennes en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et sur le plateau du Golan sont étiquetés comme fabriqués en Israël. Les marchandises concernées, en majorité des produits agricoles (fruits, légumes, vins) et des cosmétiques, représentent "moins de 1%" du total des échanges commerciaux entre l'UE et Israël, soit 154 millions d'euros en 2014, selon des chiffres de la Commission.

Israël craint le boycott

Mais plus que son impact sur la balance commerciale, le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu craint que la mesure européenne ne "soutienne et encourage" le mouvement international BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre l'Etat hébreu, qui monte en puissance. "Ce que l'UE est en train de faire va soutenir et encourager le BDS contre Israël", a déploré le représentant israélien auprès de l'UE.

Dans un communiqué, le Comité national palestinien pour le BDS s'est réjoui de la décision "qui montre que les gouvernements européens réagissent à l'opinion publique, aux campagnes de la société civile comme à l'intransigeance israélienne, et deviennent plus enclins à engager certaines actions élémentaires contre les violations par Israël du droit international".

A.S. avec AFP