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Europe

L'Europe divisée sur la question de l'accueil des réfugiés

Un réfugié et son enfant marchent à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, le 3 août 2015.

Un réfugié et son enfant marchent à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, le 3 août 2015. - Dimitar Dilkoff - AFP

Alors que l'Europe fait face à une importante crise migratoire, François Hollande et Angela Merkel se sont prononcés pour l'instauration de quotas contraignants pour la répartition des réfugiés au sein des pays de l'Union européenne. Une proposition qui divise les Etats membres.

L'initiative est venue du couple franco-allemand. Dans une lettre signée de leur main et adressée jeudi aux dirigeants de l'Union européenne, diffusée par Le Monde, Angela Merkel et François Hollande adressent un message clair en demandant une répartition des réfugiés dans les pays européens, qui doit se faire "équitablement et dans un esprit de solidarité entre les Etats membres". En clair, Paris et Berlin se prononcent pour l'imposition de quotas contraignants de migrants, et ce à l'heure où la Commission européenne demande la répartition en urgence de 120.000 réfugiés supplémentaires

Mais pour l'heure, et malgré les drames de l'immigration qui se multiplient aux portes de l'Europe, les Etats membres apparaissent très divisés sur la question de l'accueil des réfugiés. Et la question des quotas, qui pourraient notamment se baser sur la population des pays et sur leur PIB, risque de cristalliser les tensions sur le sujet au sein de l'UE.

Changement de ton outre-Manche

Le Premier ministre britannique David Cameron, qui affirmait depuis des semaines vouloir limiter l'arrivée de migrants sur son sol, a fait volte-face ce vendredi, se disant prêt à offrir l'asile à des "milliers" de réfugiés.

"Face à l'ampleur de la crise et à la souffrance des gens, je peux annoncer aujourd'hui que nous en ferons davantage, en accueillant des milliers de réfugiés syriens supplémentaires", a-t-il déclaré devant la presse ce vendredi, sans toutefois avancer de chiffre précis. 

Une instance dédiée crée en Espagne

De son côté, l'Espagne a annoncé ce vendredi son intention de mettre en place une commission interministérielle chargée d'organiser l'accueil de davantage de réfugiés. Mais là encore, aucune estimation chiffrée sur le nombre de migrants qui seront accueillis dans la péninsule ibérique n'a été communiquée.

Madrid a déjà accepté d'accueillir 2.739 personnes identifiées comme demandeurs d'asile, mais "maintenant on évoque d'autres volumes et d'autres nécessités", a ainsi déclaré la vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria. Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy a accepté en début de semaine d'augmenter la contribution de l'Espagne dans l'accueil des refugiés, sans autre précision.

Ligne dure en Hongrie 

Pas question en revanche pour les pays d’Europe centrale d’ouvrir leurs frontières aux réfugiés. La République Tchèque, la Slovaquie et la Hongrie s’y opposent fermement. "Les pays ont le droit de choisir s’ils veulent accueillir ou non des populations musulmanes. C’est leur droit de décider. S’ils choisissent de le faire, alors ils peuvent vivre ensemble, mais nous, on ne veut pas ça", a ainsi déclaré le Premier ministre hongrois, Viktor Orban.

Le Parlement hongrois a d'ores et déjà renforcé sa législation anti-migrants, en adoptant en urgence, ce vendredi, un ensemble de lois proclamant l'"'état de crise", renforçant les possibilités de déploiement de l'armée aux frontières et sanctionnant l'immigration illégale de peines de prison. 

Des propositions la semaine prochaine

De son côté, la Pologne a réitéré, jeudi, son opposition aux quotas automatiques pour répartir les migrants dans l'Union européenne, tout en se déclarant prête à discuter de l'ampleur de sa participation à la recherche d'une solution. Lundi, la chef du gouvernement polonais, Ewa Kopacz, avait annoncé que son pays était prêt à revoir à la hausse le nombre des réfugiés à recevoir, nombre qu'elle avait auparavant fixé unilatéralement à 2.200 et qui était inférieur au quota proposé par la Commission européenne en fonction de la population et du PIB de chaque pays.

Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, présentera la semaine prochaine, à Strasbourg, une proposition pour "relocaliser" dans toute l'Europe les 120.000 réfugiés supplémentaires évoqués par la Commission, qui se trouvent actuellement en Italie, en Grèce et en Hongrie. 

Adrienne Sigel, avec Angélique Forget et AFP