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Europe

L'Allemagne serait la principale cible de la NSA en Europe

Les Etats-Unis interceptent chaque mois en Allemagne quelque 500 millions de communications, par téléphone ou internet, et près de dix fois moins en France, écrit dimanche le journal allemand Der Spiegel, dont les révélations sur le programme d'espionnage

Les Etats-Unis interceptent chaque mois en Allemagne quelque 500 millions de communications, par téléphone ou internet, et près de dix fois moins en France, écrit dimanche le journal allemand Der Spiegel, dont les révélations sur le programme d'espionnage - -

par Annika Breidthardt BERLIN (Reuters) - Les Etats-Unis interceptent chaque mois en Allemagne quelque 500 millions de communications, par téléphone...

par Annika Breidthardt

BERLIN (Reuters) - Les Etats-Unis interceptent chaque mois en Allemagne quelque 500 millions de communications, par téléphone ou internet, et près de dix fois moins en France, écrit dimanche le journal allemand Der Spiegel, dont les révélations sur le programme d'espionnage américain Prism suscitent de vives réactions en Europe.

Après avoir dévoilé samedi la surveillance dont fait l'objet, selon lui, l'Union européenne, le magazine cite à nouveau un document classé "strictement confidentiel" de la National Security Agency (NSA) dont ses journalistes disent avoir pris connaissance par l'intermédiaire d'Edward Snowden, l'informaticien à l'origine du scandale Prism.

L'Allemagne, qui héberge des bases militaires américaines, est décrite dans ce document comme un partenaire de "troisième classe", ce qui lui vaut d'être le pays de l'Union européenne le plus surveillé, à un niveau comparable à la Chine, l'Irak ou l'Arabie saoudite.

"Nous pouvons attaquer les transmissions de la plupart de nos partenaires étrangers de troisième classe, et c'est ce que nous faisons", dit le document cité par le Spiegel.

La NSA surveille en moyenne 20 millions d'appels téléphoniques par jour en Allemagne et 10 millions d'échanges de données internet, mais ce chiffre peut s'élever jusqu'à 60 millions d'appels les jours les plus chargés, précise le Spiegel.

En comparaison, la France apparaît presque épargnée avec quelque deux millions de connections surveillées par jour, selon l'hebdomadaire allemand.

En Europe, seule la Grande-Bretagne, qui a mis en place son propre programme de surveillance, "Tempora", est explicitement désignée dans le document comme devant échapper aux écoutes - privilège qu'elle partage au niveau mondial avec le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

RÉACTIONS INDIGNÉES

Le Spiegel précise que la NSA espionne aussi bien les appels téléphoniques que les SMS, les courriels et les forums de discussion et qu'elle sauvegarde l'historique des connections - mais pas leur contenu - sur les serveurs de son quartier-général à Fort Meade, dans le Maryland.

Ces révélations ont suscité des réactions indignées de la part de dirigeants européens, particulièrement en Allemagne où la surveillance des communications privées est un sujet sensible depuis les précédents de la Stasi en Allemagne de l'Est et de la Gestapo dans l'Allemagne hitlérienne.

L'Allemand Martin Schulz, président du parlement européen, a ainsi prévenu dès samedi que s'il était confirmé que la NSA avait bien espionné des bureaux de l'UE, cela aurait un "impact sérieux" sur les relations entre Bruxelles et Washington.

"Si ces informations sont bel et bien authentiques, c'est écoeurant", a renchéri le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn. "Les Etats-Unis feraient mieux de surveiller leurs propres services secrets que d'espionner leurs alliés."

En France, des responsables du parti socialiste ont été jusqu'à plaider pour une suspension des négociations du traité de libre-échange transatlantique.

"L'Europe se déconsidérerait si elle passait l'éponge", a ainsi jugé sur son blog le député Jean-Christophe Cambadelis, secrétaire national du PS chargé de l'Europe et de l'international.

Tangi Salaün pour le service français