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Italie

Surtourisme à Venise: l'entrée payante mise en place par la ville n'a pas suffi à dissuader les visiteurs

Des touristes à Venise, le 25 avril 2024

Des touristes à Venise, le 25 avril 2024 - MARCO BERTORELLO / AFP

La ville italienne, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, a instauré une entrée payante de cinq euros pour les touristes à la journée afin de désengorger ses ruelles et ponts. Le premier bilan est loin d'être positif.

C'était une première mondiale: le 25 avril, Venise a lancé son billet d'entrée à cinq euros pour les touristes à la journée, un dispositif destiné à endiguer le surtourisme qui encombre les petites artères de la ville italienne classée au patrimoine de l'Unesco.

Ces billets, qui se présentent sous forme de QR Codes vendus en ligne ou sur place, doivent être présentés à des contrôleurs postés à différents endroits de la Cité des Doges.

Une mesure très limitée

Pour l'heure, l'expérience reste toutefois de portée très limitée: pour 2024, seuls 29 jours de grande affluence sont concernés par cette nouvelle taxe, qui sera appliquée presque tous les week-ends de mai à juillet.

Cette taxe cible en outre uniquement les touristes journaliers entrant dans la vieille ville entre 8h30 et 16 heures, et les touristes dormant au moins une nuit sur place sont exemptés, ainsi que de nombreuses autres personnes, comme les jeunes.

L'objectif atteint en seulement huit jours

Cette expérimentation va-t-elle vraiment dissuader les touristes? D'après les chiffres dévoilés ce vendredi 3 mai par le Corriere del Veneto, non. Pour preuve, l'objectif financier fixé par la mairie de Venise pour toute l'année 2024 a été atteint en seulement huit jours. Depuis son entrée en vigueur, 144.645 personnes ont payé leur billet d'entrée, ce qui représente une recette de 723.225 euros. Au total, sur tous les 29 jours concernés par la taxe, quelque 700.000 personnes ont réservé leur entrée.

Selon nos confrères italiens, les chiffres avaient été sous-estimés par la ville.

"Nous avons inclus des chiffres prudents dans le budget", a expliqué au Corriere la conseillère budgétaire de Venise Michele Zuin.

La mesure pionnière est par ailleurs loin de faire l'unanimité chez les Vénitiens, certains y voyant une atteinte à la liberté de circulation et un pas de plus vers la muséification de leur ville. Ils réclament notamment des mesures sur le "logement", dans une ville où les Airbnb occupent beaucoup de place.

Le maire de Venise Luigi Brugnaro, lui, avait estimé, au premier jour de l'expérimentation, que le tourisme dans sa ville "doit changer" si on veut la protéger. Devant les dégâts provoqués par le surtourisme et faute de mesures adaptées pour le juguler, l'Unesco avait même menacé de placer la ville sur la liste du "patrimonial mondial en péril".

Fanny Rocher