Naufrage de Lampedusa: peu d'espoir de retrouver des survivants

Près de 48 heures après le naufrage d'un bateau de migrants africains partis de Libye pour rejoindre la petite île italienne de Lampedusa, les espoirs de retrouver des survivants sont désormais quasi-nuls. Et le bilan définitif pourrait dramatiquement s'alourdir.

Le bilan s'annonce terrible. A Lampedusa, les recherches ont repris, ce vendredi, pour tenter de retrouver les migrants africains, originaires d'Erythrée et de Somalie, disparus après le naufrage de leur embarcation, jeudi matin, au large de cette petite île italienne. Plus de 100 des 450 à 500 migrants que transportait le bateau ont péri, selon un bilan provisoire fourni par les autorités. BFMTV.com fait le point sur ce nouveau drame de l'immigration en Méditerranée.

> Un possible bilan de 300 morts

Les recherches pour retrouver d'éventuels survivants et récupérer des cadavres ont repris tôt, ce vendredi matin, mais ont finalement dû être interrompues dans la matinée pour cause de mer agitée. Les plongeurs auraient vu des "corps sur le fond et à l'intérieur" de l'épave du navire, un bateau de pêche, qui gît retourné à 40 mètres de profondeur, à environ 550 mètres de la première côte de l'île.

Jusqu'à présent, 111 corps ont été ramenés à terre. Enveloppés dans des linceuls en plastique, les corps ont été alignés dans un hangar de l'aéroport, où les visages sont photographiés pour une possible identification ultérieure.

Mais sur les 450 à 500 migrants que transportait le bateau, seuls 155 ont été sauvés, ce qui laisse craindre un lourd bilan d'environ 300 morts, dont un grand nombre de femmes et d'enfants. Cela ferait de ce naufrage la pire tragédie de l'immigration des dernières années.

En juin 2011, 200 à 270 migrants originaires d'Afrique subsaharienne, qui avaient cherché à fuir la Libye, s'étaient noyés en tentant de gagner les côtes de Lampedusa.

> Que s'est-il passé?

Les migrants, des Somaliens et Erythréens, étaient partis des côtes libyennes, depuis le port de Misrata. Le bateau de pêche a commencé à prendre l'eau et, de peur qu'il ne coule, les occupants ont enflammé une couverture afin d'attirer l'attention, mais cela a provoqué un incendie, puis fait chavirer le navire, aux alentours de 4 heures du matin (2 heures GMT), dans la nuit de mercredi à jeudi.

Selon le vice-Premier ministre Angelino Alfano, "les premiers secours ont été prodigués vers 5 heures GMT par des pêcheurs qui ont avisé les autorités". "On a entendu des cris et on s'est précipité pour voir ce qui se passait, et là, nous avons trouvé une situation de cauchemar", a raconté un commerçant de Lampedusa, qui a dit en pleurant n'avoir réussi à en "sauver que 47".

> L'Italie en deuil

Rome a décrété, pour la journée de vendredi, un "deuil national" et une minute de silence a été observée dans toutes les écoles ainsi qu'avant tous les matches de football du championnat.

De son côté, le Pape François a exprimé son émotion, évoquant une "journée de pleurs". Le souverain pontife a dénoncé "l'indifférence à l'égard de ceux qui fuient l'esclavage, la faim pour trouver la liberté, et trouvent la mort". En juillet dernier, François s'était rendu à Lampedusa, où il avait déjà fustigé "l'indifférence" du monde face au sort des migrants.

Adrienne Sigel avec AFP