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Lampedusa: l'UE dénonce les traitements indignes réservés aux migrants

Un réfugié se mettant à nu avant d'être soumis devant les autres à des jets d'un traitement contre la gale

Un réfugié se mettant à nu avant d'être soumis devant les autres à des jets d'un traitement contre la gale - -

La Commission européenne a dénoncé mercredi les "traitements épouvantables" infligés aux migrants sur l'île italienne de Lampedusa et a menacé Rome de sanctions. Une enquête a été ouverte.

Des images chocs. Après la diffusion d'une vidéo tournée dans un centre d'accueil de l'île italienne de Lampedusa, dans laquelle on voit des migrants dénudés avant d'être "désinfectés", la Commission européenne a décidé d'ouvrir une enquête sur "les traitements épouvantables" dont sont victimes ces étrangers.

"Nous avons ouvert une enquête sur les traitements épouvantables dans beaucoup de centres de rétention, dont celui de Lampedusa et nous n'hésiterons pas à lancer une procédure d'infraction", a affirmé mercredi la commissaire européenne aux Affaires intérieures Cecilia Malmström dans un message signé sur son compte twitter.

"On est traités comme des chiens"

Dans un reportage diffusé par TG2, le journal de la deuxième chaîne de la télévision publique italienne lundi soir, on voit des réfugiés se mettre à nu dans un espace qui semble en plein air, avant d'être soumis devant les autres à des jets d'un traitement contre la gale.

Ces images, apparemment tournées avec un téléphone portable, ont été prises par un certain Khalid, un réfugié présent au centre depuis 65 jours. "On est traités comme des chiens", commente-t-il en affirmant que le même traitement est infligé aux femmes.

Alors que le monde célèbre mercredi "la journée internationale des migrants", la maire de l'île, Giusi Nicolini, a comparé la structure à un "camp de concentration".

"Des images sorties de leur contexte"

Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a demandé au gouvernement italien "des solutions urgentes pour améliorer l'accueil à Lampedusa", rappelant que les nouveaux arrivants sont censés passer un maximum de 48 heures dans ce centre de premier secours, avant de regagner d'autres structures dans le pays.

Interrogé à la radio, l'administrateur de la coopérative gérant depuis cinq ans la structure d'accueil de Lampedusa, Cono Galipo, s'est défendu en expliquant qu'il fallait remettre ces images "dans leur contexte".

Selon lui, le traitement a duré une heure et demie. "A un moment, des réfugiés se sont impatientés et ont commencé à se déshabiller; ils ont clairement mis en scène ce qu'on a vu ensuite à la télévision", a-t-il ajouté.

Au moins 400 morts dans les naufrages

Promettant une enquête "approfondie" et "des sanctions contre les responsables", le premier ministre italien Enrico Letta s'est dit "choqué". La présidente de la chambre des Députés, Laura Boldrini, ex porte-parole du HCR, a jugé ces conditions "indignes d'un pays civilisé".

Début octobre, au moins 400 personnes, dont beaucoup de femmes et d'enfants, ont trouvé la mort dans deux naufrages dans la zone de Lampedusa, première porte d'entrée européenne pour les migrants qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie.

Plus de 14.000 migrants ont débarqué à Lampedusa entre le 1er janvier et le 30 novembre. Alors que le centre ne compte que 381 places, 497 réfugiés, dont une quarantaine d'enfants, y sont actuellement accueillis, selon le Corriere della Sera. La plupart sont syriens et érythréens.

M.G. avec AFP et Pauline Revenaz (vidéo)