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Italie: une jeune avocate défie le parti de Renzi à Rome

Les élections municipales en Italie ce dimanche pourraient voir une jeune avocate remporter Rome et sonner comme un coup de semonce pour le chef du gouvernement Matteo Renzi.

A 37 ans, Virginia Raggi pourrait devenir la première femme à la tête de Rome. Arrivée en tête du premier tour des élections municipales, elle a recueilli plus de 35 % des votes. La candidate de l'inclassable Mouvement 5 Etoiles (M5S) du comique Beppe Grillo, a 10 points d'avance sur Roberto Giachetti, soutenu par le Parti démocrate (PD, centre gauche) du chef du gouvernement Matteo Renzi.

Son credo: combattre la corruption qui gangrène la capitale italienne. "'Mafia Capitale' par exemple a montré que les appels d'offres dans le domaine du social, un secteur dans lequel les gens sont en souffrance, étaient parfois remportés par des coopératives sans scrupules qui voulaient faire de l'argent. Elles remportaient directement les projets, sans qu'aucun appel d'offres publiques n'ait été fait. Comment peut-on combattre ce système ? Il faut appliquer la loi, suivre ce que dit la loi : appels d'offres, mérite", explique Virginia Raggi.

Pour financer sa campagne, la jeune femme n’a pas hésité à jouer les serveuses pour récolter des fonds. Avant d’être candidate, elle a été désignée par 1.700 internautes pour son programme axé sur les préoccupations quotidiennes des Romains, comme la gestion des déchets et de la voirie, ou encore les transports en commun. 

M5S continue de tisser sa toile

Derrière cette candidature atypique, se trouve un jeune parti: le M5S qui refuse le traditionnelle clivage gauche droite. Fondé en 2009 et devenu le deuxième parti du pays avec 25% des voix dès les législatives de 2013, il se présente comme un mouvement de citoyens déterminés à changer leurs villes, voire le pays tout entier. Piochant dans ses propositions à droite comme à gauche, y compris dans les extrêmes, il continuer de tisser sa toile aux élections locales en s'appuyant toujours sur la dénonciation d'une classe politique malhonnête.

C'est ce discours que Virginia Raggi a répété à l'envi pendant sa campagne, sans vraiment entrer dans les détails de son programme pour redresser une ville croulant sous une dette de 12 milliards d'euros ou présenter les têtes de sa future équipe.

Ce dernier point est pourtant crucial: l'absence de cadres ayant fait leurs gammes dans la gestion politique au quotidien est l'une des raisons du bilan mitigé du M5S dans les villes de moindre envergure déjà conquises, comme Parme ou Livourne.

Ce scrutin est "destiné à laisser une trace dans la politique italienne, à marquer une discontinuité et une possible rupture de système", a prévenu samedi dans un éditorial le directeur de La Repubblica, Mario Calabresi.

En attendant, les principaux pilotes ont déserté le terrain. Pour les derniers meetings avant le "silence électoral" du week-end, Matteo Renzi était en voyage en Russie, Beppe Grillo aux abonnés absents et Matteo Salvini, l'omniprésent chef de la Ligue du Nord, anormalement discret.

Quant à Silvio Berlusconi, qui tente en vain de se maintenir à la tête du centre droit, il est toujours sur un lit d'hôpital après une opération à cœur ouvert.

9 millions d'électeurs appelés aux urnes

Il s'agit d'élections partielles, mais elles concernent près de neuf millions d'électeurs dans 126 communes, dont Rome, Milan, Naples, Turin et Bologne.

Le PD est aussi à la peine à Turin, où son maire sortant est également menacé par une jeune candidate du M5S, et surtout à Milan, la capitale économique du pays, où son candidat Giuseppe Sala (38,5%) est au coude à coude avec celui du centre droit, Stefano Parisi (38,4%).

Le duel gauche-droite se jouera aussi à Bologne, mais le parti de Matteto Renzi n'est même pas arrivé au second tour à Naples, où l'atypique maire de gauche Luigi De Magistris est bien parti pour remporter un nouveau mandat.

Une analyse nationale des résultats restera cependant délicate, le M5S étant absent à Naples, Bologne et Milan, la droite déchirée à Rome mais unie à Milan.

K.L. avec Marine Haÿ