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Italie: à quoi s'attendre après la démission du chef du gouvernement?

Matteo Salvini, Giuseppe Conte et Luigi di Maio.

Matteo Salvini, Giuseppe Conte et Luigi di Maio. - FILIPPO MONTEFORTE / AFP

L'Italie se retrouve sans gouvernement et dans l'incertitude après la démission du Premier ministre Giuseppe Conte, ce mardi. La coalition populiste de la Ligue de Matteo Salvini et du Mouvement 5 Étoiles vole en éclat après 14 mois de cohabitation.

En annonçant son intention d'aller "voir le président de la République pour lui présenter sa démission ce mardi, Giuseppe Conte a fait éclater le 65e gouvernement de la République italienne, né en juin 2018. L'Italie se retrouve ainsi sans gouvernement, ce qui ouvre la voie à plusieurs jours de consultations afin de former un nouveau gouvernement. 

Lors de cette annonce, Giuseppe Conte a lancé un virulent réquisitoire contre Matteo Salvini. Dans son discours à charge, Giuseppe Conte a qualifié le vice-président du conseil italien et ministre de l'Intérieur d'"irresponsable", et l'a accusé de faire "courir de graves risques au pays". Conte a enfin dénoncé l'appel Salvini à ce qu'on lui donne "les pleins pouvoirs", une expression rappelant le régime fasciste de Mussolini, se disant également "préoccupé" de voir le leader des souverainistes appeler ses partisans à "descendre dans la rue" pour le soutenir.

  • Sergio Mattarella aux manettes

Plusieurs hypothèses se dessinent désormais. Des pourparlers vont devoir débuter entre les différentes positions politiques parmi lesquelles le Mouvement 5 étoiles et le Parti démocrate, en vue de former une nouvelle coalition. 

Le président de la République, Sergio Mattarella, est désormais l'homme de la situation. C'est lui qui va devoir lancer des consultations pour explorer la possibilité d'une nouvelle majorité, puisqu'il est chargé de vérifier la viabilité de toute nouvelle coalition gouvernementale. S'il juge qu'aucune majorité solide n'existe pour gouverner, il pourrait décider de convoquer rapidement de nouvelles élections législatives. 

  • Vers un second gouvernement Conte?

L'un des scénarios envisageables est que le chef de l'Etat demande à Giuseppe Conte de rester à la tête du pays pour piloter un gouvernement de transition. D'autant que dans la presse italienne, beaucoup d'observateurs estiment que le président du Conseil sort grandi de cette crise. Mardi, celui-ci a été accueilli au Sénat par une banderole: "Conte l'Italie t'aime". Dans une lettre ouverte publiée ce mardi, le chef du M5S Luigi di Maio, l'a même qualifié de "serviteur de la Nation dont l'Italie ne peut pas se passer".

Si cela venait à se concrétiser, Giuseppe Conte pourrait mener un gouvernement "Conte bis", et ainsi avancer dans l'élaboration du budget pour 2020. Cela pourrait permettre d'éviter une hausse automatique de la TVA prévue l'an prochain si rien n'est fait avant pour combler un trou de 23 milliards dans les caisses de l'État. Cela donnerait le temps au Parti démocrate et au Mouvement 5 Étoiles (M5S) de s'entendre sur un pacte pour "un gouvernement fort et de renouvellement dans son programme", selon les termes du chef du Parti Démocrate Nicola Zingaretti.

L'idée d'une alliance PD-M5S est venue, par surprise, de l'ancien chef de gouvernement Matteo Renzi, toujours poids lourd du PD, qui a proposé à ses anciens ennemis du M5S une réconciliation et un gouvernement "institutionnel". Pour amadouer certains dirigeants Cinq Étoiles encore réticents, Matteo Renzi a assuré lors du débat parlementaire qu'il "ne ferait pas partie" d'une telle majorité, laissant entendre que le Parti Démocrate pourrait appuyer au parlement un gouvernement entièrement formé de ministres M5S, sans exiger de fauteuils.

  • L'avènement d'une coalition pro-européenne?

L'autre piste que pourrait emprunter Sergio Mattarella lui a été soufflée par l'ancien Premier ministre et ancien président de la Commission européenne Romano Prodi. Celui-ci a proposé un gouvernement pro-européen baptisé "Ursula", du nom de la nouvelle présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen. Romano Prodi, toujours très écouté, imagine une alliance gauche-droite pour que l'Italie revienne au premier plan en Europe.

Jeanne Bulant