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"Des images pas exceptionnelles en Italie": comment un enterrement nazi a-t-il pu se tenir en plein Rome?

En Italie, l'exhibition de symboles nazis ou fascistes est prohibée uniquement dans les stades.

Ce sont des images qui semblent tout droit sortir d'un film de propagande fasciste. Lundi 10 janvier s'est tenu à l'église Santa Lucia, en plein cœur de Rome, l'enterrement de la militante fasciste Alessia Augello. Sur une vidéo de la cérémonie partagée par le média Open, on peut voir un groupe d'hommes réaliser un salut fasciste avant que le cercueil ne soit recouvert du drapeau nazi. Depuis, en plus de la consternation, une question monte: comment un tel événement a-t-il pu se tenir dans le centre-ville d'une capitale européenne?

Une exhibition interdite uniquement dans les stades

Selon le journaliste italo-néerlandais Gian-Paolo Accardo, rédacteur en chef de voxeurope.eu, "ces images sont choquantes", mais avant tout "pour un public non-italien, qui n'a pas l'habitude de voir ce genre d'images, si l'on peut dire qu'on s'y habitue. Mais elles ne sont pas exceptionnelles en Italie", analyse-t-il, interrogé par BFMTV.

Car comme il le rappelle, dans la péninsule italienne, l'exhibition de symboles totalitaires "n'est pas interdite, en dehors des stades, car c'est là que pendant longtemps des groupes nazis ont pu les exhiber.

Mais en dehors de cela, la constitution italienne n'interdit pas l'exhibition de symboles totalitaires. Elle interdit en revanche la reconstitution du parti fasciste, dans ce pays dirigé de 1922 à 1943 par le Duce Benito Mussolini, fondateur du fascisme.

Cette cérémonie intervient dans un contexte particulier en Italie, où le parti politique néofasciste Forza Nuova, dont Alessia Augello était une militante, multiplie les provocations et les violences en opposition au pass sanitaire, son nouveau cheval de bataille. Le 9 octobre 2021, des militants de Forza Nuova avaient saccagé les locaux d'un syndicat de gauche lors d'une manifestation anti-pass, entraînant la semaine suivante la descente dans les rues de 200.000 Italiens demandant la dissolution du mouvement.

Fuorza Nuova "s'est distinguée dernièrement par des positions fortement anti-pass sanitaire, car en Italie il existe également, tout comme la très prochaine vaccination obligatoire des plus de 50 ans. Fuorza Nuova a essayé de récupérer ce mouvement anti-pass sanitaire, avec des tendances anti-vaccins. De la même manière que Florian Philippot en France", analyse Gian-Paolo Accardo.

L'influence de Fuorza Nuova dans les institutions italiennes reste cependant toujours très limitée, continue le journaliste. "C'est quelques milliers d'adhérents. Il existe depuis plus de 30 ans en Italie, et n'a jamais dépassé le seuil de barrage pour être présent au Parlement".

Et la seule fois où il a obtenu un élu, au parlement européen, ce dernier n'est resté en place qu'un an. Occupé par Roberto Fiore, l'actuel secrétaire général de Fuorza Nuova, le mandat avait pour but de remplacer le poste laissé vacant par une certaine... Alessandra Mussolini. La petite-fille du Duce.

Jules Fresard