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Irlande: vote pour supprimer de la Constitution la notion de mère au foyer et élargir la définition de la famille

Les Irlandais sont appelés ce vendredi 8 mars à se prononcer sur deux articles de la Constitution jugés dépassés. L'une des modifications suggérées par le gouvernement vise à supprimer la notion de mère au foyer, l'autre à élargir la définition de la famille.

Les Irlandais votent vendredi sans enthousiasme lors d'un référendum destiné à moderniser les références aux femmes et à la famille dans leur Constitution, rédigée en 1937 quand l'Eglise catholique régnait dans le pays sur la vie publique et privée.

Les bureaux de vote ont ouvert à 7h (locales et GMT) et les près de 3,5 millions d'inscrits sur les listes électorales ont jusqu'à 22h pour voter. Les résultats sont attendus samedi. Selon le média public irlandais RTE, la participation était faible en milieu de journée.

La première question posée aux Irlandais concerne la définition de la famille, et propose de l'élargir au-delà de celle fondée sur le mariage, pour inclure également les "relations durables" comme les couples en concubinage et leurs enfants.

La seconde question propose d'effacer une référence jugée dépassée sur le rôle des femmes dans le foyer, qui suggère qu'elles ont le devoir de prendre soin des autres personnes sous leur toit.

Une nouvelle formule, plus large, imputerait à tous les membres d'une famille la responsabilité de prendre soin les uns des autres. Les deux amendements portent sur l'article 41 de la Constitution.

"Pour que toutes les familles soient égales"

Après avoir jeté son bulletin dans l'urne, le Premier ministre Leo Varadkar a appelé les Irlandais à voter oui, "pour que toutes les familles soient égales". "Les décisions sont prises par ceux qui se présentent" dans les bureaux de vote, a-t-il ajouté dans l'espoir d'augmenter la participation.

L'Irlande, pays de 5,3 millions d'habitants membre de l'Union européenne, a légalisé le mariage pour les couples de même sexe en 2015 et l'avortement en 2018.

Tous les grands partis politiques sont favorables au "Oui" et, jusqu'à récemment, les sondages prédisaient un vote assez facile du référendum, qui a lieu le 8 mars, journée internationale des droits des femmes.

Mais les derniers sondages ont révélé une incertitude croissante sur le résultat, notamment en raison de l'imprécision des questions soumises au vote.

Les grands partis favorables à cette révision de la Constitution

Cette semaine, Leo Varadkar, qui dirige la coalition gouvernementale de centre-droit qui a proposé le référendum, a admis que la victoire du "Oui" n'était pas garantie pour les deux motions.

"Nous considérons ces changements comme de petits pas en avant et, dans l'ensemble, nous sommes en faveur d'un vote du 'Oui'", a déclaré jeudi la dirigeante du Sinn Fein, le parti républicain de gauche, Mary Lou McDonald.

Ce référendum vise à "faire un nouveau pas en avant pour l'égalité", a défendu Orla O'Connor, directrice du Conseil national des femmes d'Irlande.

Confusion autour des termes pour les opposants

Mais les opposants critiquent les formulations vagues dans le référendum.

"Personne ne sait exactement ce qu'est une 'relation durable', alors que tout le monde sait exactement ce qu'est un mariage", fustige ainsi David Quinn, fondateur de l'Institut Iona, un groupe défendant les intérêts de la communauté catholique.

"Beaucoup de gens vont voter 'Non' à cause de la confusion" suscitée et de la disparition des mots "femme" et "mère" du texte, a-t-il estimé.

D'autres commentateurs proches de l'extrême droite ont agité l'épouvantail des relations polygames ou du regroupement familial des migrants, qui pourraient selon eux être encouragés. Pour la politologue Yvonne Galligan, le second amendement, sur le soin au sein de la famille, est le "plus complexe" des deux questions et pourrait être rejeté.

H.G. avec AFP