Attaque en Irlande: plus de 350.000 euros collectés pour "payer une pinte" au Brésilien qui s'est interposé

Une attaque au couteau a fait quatre blessés, dont une fillette, jeudi à Dublin. Un Brésilien et un Français se sont interposés, ils sont qualifiés de "héros irlandais" par le pays.

De quoi acheter quelques verres. Une cagnotte, lancée sur le site GoFundMe, a récolté plus de 350.000 euros ce dimanche 26 novembre, en faveur du Brésilien Caio Benicio qui a maîtrisé jeudi un assaillant armé d'un couteau à Dublin, en Irlande. Selon la page, la somme récoltée est destinée à "payer une pinte" à celui qui est qualifié de "héros".

"Cet homme est un héros et le moins que l'on puisse faire c'est lui acheter une pinte donc je vous demande de faire don du montant d'une pinte de Guinness (une marque de bière, NDLR) dans votre pub local pour Caio afin qu'il sache que les habitants de Dublin l'apprécient", appelle le créateur de la cagnotte, Paul Darcy, sur la page.

Une cagnotte GoFundMe a récolté plus de 350.000 euros pour "payer une pinte" au livreur brésilien Caio Benicio qui a maîtrisé l'assaillant de l'attaque au couteau à Dublin, en Irlande, le 26 novembre 2023 © GoFundMe

Une autre cagnotte a également été lancée, toujours sur GoFundMe, cette fois en faveur des enfants et de la femme blessés dans l'attaque au couteau. Elle aussi remporte un franc succès, puisque plus de 230.000 euros ont été récoltés.

Des dons allant jusqu'à 1.500 euros

Plus de 12.000 personnes ont fait un don en faveur de Caio Benicio, selon la plateforme. Certaines donations, allant jusqu'à 1.500 euros, dépassent largement le montant d'une pinte de bière.

"Caio, sage décision, tu es un héros", salue un donateur. "Merci beaucoup, Caio! Ravi de t'avoir en Irlande. Je te souhaite le meilleur pour toi et ta famille", écrit un autre.

Il ne s'agit pas de la seule cagnotte lancée en faveur du Brésilien sur la plateforme, mais c'est celle qui rencontre le plus de succès. Une autre, lancée par une certaine Aoife Larkin, a collecté plus de 3.000 euros et a fusionné avec celle de Paul Darcy, selon ce dernier.

De violentes émeutes

Jeudi, un homme a attaqué au couteau des passants dans les rues de Dublin. Cinq personnes ont été blessées, dont une fillette de 5 ans et une institutrice, toutes deux dans un état grave, selon la police.

Après l'attaque qui a eu lieu près d'une école, des rumeurs se sont propagées sur les réseaux sociaux sur les origines de son auteur, qui est, selon le Irish Times, un homme naturalisé irlandais après avoir vécu dans le pays pendant 20 ans, et ont initié les plus importantes émeutes survenues depuis à Dublin près de 20 ans.

Ces violences, imputées à l'extrême droite, ont occasionné l'arrestation de 24 personnes. Des commerces ont vu leur vitrine brisée et des voitures ont été brûlées.

"J'ai agi par instinct"

Travaillant comme livreur à Dublin, Caio Benicio a expliqué à l'agence britannique Press Association qu'il était sur sa moto quand il a vu ce qu'il pensait être une bagarre. Il a vu un homme attraper une fillette et l'attaquer avec un couteau.

"Quand j'ai vu le couteau, j'ai arrêté ma moto puis j'ai agi par instinct", raconte-t-il. Il a ensuite sorti son casque et a tapé sur l'agresseur "de toutes ses forces".

Un jeune Français, Alan, est également intervenu pour maîtriser l'agresseur. Il s'agit d'un élève d'un lycée hôtelier dans les Ardennes, en stage dans un restaurant de Dublin depuis le mois dernier. Il a été félicité par téléphone par Emmanuel Macron.

Pas un "héros"

Âgé de 43 ans et père de deux enfants de 19 et 12 ans, Caio Benicio a déclaré, après l'attaque, ne pas avoir l'impression d'être un "héros", refusant le terme employé par le Premier ministre irlandais Leo Varadkar.

Il a dit avoir simplement agi "comme l'aurait fait n'importe quel parent".

Caio Benicio s'est toutefois ému d'avoir été félicité pour son courage par de nombreux Irlandais, ainsi que par ses enfants: "C'est agréable de les rendre fiers".

Selon Caio Benicio, les émeutes survenues après l'attaque au couteau, qui ont rassemblé près de 500 personnes et témoignent de la montée en puissance d'un sentiment anti-immigration en Irlande, n'ont "aucun sens".

"Ils visaient les immigrés, je suis moi-même un immigré et je suis celui qui a aidé", a-t-il commenté. "Je pense qu'il s'agit d'un petit groupe de personnes qui ne savent même pas ce qu'elles font, pour qui elles se battent", a ajouté le Brésilien.

Juliette Desmonceaux