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Interdire le Coran et les mosquées: les propositions polémiques de l'allié européen du FN

Geert Wilders lors de la conférence commune avec le FN et l'allemand AfD, le 21 janvier dernier à Coblence, en Allemagne.

Geert Wilders lors de la conférence commune avec le FN et l'allemand AfD, le 21 janvier dernier à Coblence, en Allemagne. - Roberto Pfeil - AFP

Dans une interview télévisée, le leader du PVV, parti d'extrême droite néerlandaise allié européen du Front national, compare le Coran à Mein Kampf et affirme vouloir interdire les mosquées.

Ses interviews sont rares, et celle-ci était particulièrement attendue. Geert Wilders, leader du parti d'extrême droite et anti-islam PVV (Parti pour la liberté) aux Pays-Bas, s'est exprimé dimanche sur la chaîne de télévision publique NPO pour sa première grande interview de campagne. Une intervention d'autant plus scrutée que les Néerlandais se rendent aux urnes le 15 mars prochain pour les élections législatives.

L'occasion pour Geert Wilders, dont le parti est en tête des sondages, de se faire entendre sur son sujet favori: l'islam. Dans l'interview, dont les points principaux sont résumés par le quotidien allemand Handelsblatt, il compare ainsi le Coran à Mein Kampf: Oui, l'œuvre d'Hitler est empreinte de haine et d'antisémitisme, assure-t-il, mais le Coran lui-même serait un appel à l'antisémitisme et à la violence. "Si nous interdisons Mein Kampf, nous devons faire la même chose avec le Coran", affirme-t-il. Oui mais comment? "En faisant en sorte qu'il ne puisse plus être vendu". Et tant pis si le texte sacré est aussi téléchargeable sur Internet: l'interdiction serait avant tout symbolique.

Ce n'est pas la première fois que Geert Wilders, qui a fondé le parti en 2006, tire à boulets rouges sur l'islam. Dans son programme, présenté en août dernier, il assure vouloir "désislamiser" les Pays-Bas et fermer les frontières aux "immigrés issus de pays islamistes". Dans son viseur également, les mosquées, ces "temples nazis" qu'il veut faire interdire sur le territoire néerlandais, et le voile, qu'il veut prohiber dans les lieux publics.

Le FN ne commente pas "la politique intérieure" de ses alliés

Des propositions radicales, qui tiennent sur une feuille A4, et pour la plupart très éloignées de celles du Front national. Pourtant, le parti de Marine Le Pen est allié au PVV au niveau européen – tout comme la formation allemande AfD (Alternative pour l'Allemagne). Aucun problème, pour le parti français. En mai dernier, Marine Le Pen affirmait d'ailleurs au Journal du dimanche"c'est son opinion. On a encore le droit d'avoir ces opinions-là, je crois, non?".

Depuis, le discours officiel se garde bien de reprendre ces propositions polémiques. "On a formé un groupe au niveau européen, mais nous refusons tout commentaire sur la politique intérieure", précise l'eurodéputé FN Edouard Ferrand, contacté par BFMTV.com.

"On a une alliance sur les points fondamentaux, comme la sortie de l'union européenne et la souveraineté nationale. Pour le reste, on ne peut pas comparer des options politiques d'un pays à un autre. On laisse chacun agir comme il l'entend dans son pays."

Chacun a donc les coudées franches. Et le PVV ne va pas s'en priver: avec 20% des intentions de vote, le parti de Geert Wilders est en tête des sondages. Un score qui lui permettrait d'obtenir près de 30 sièges au Parlement, selon l'institut Ipsos, soit le double de ce qu'il a aujourd'hui, devant le parti libéral du premier ministre qui en compterait 24.

Wilders pourra-t-il vraiment gouverner?

Mais même si les prédictions des sondages étaient avérées, le PVV ne serait pas en mesure de gouverner seul. Or Mark Rutte, le Premier ministre, a déjà écarté la possibilité de former une alliance avec le PVV.

Pas de quoi cependant effrayer l'homme à la chevelure peroxydée: "vous ne pouvez pas ignorer 2,5 millions d'électeurs après des élections démocratiques", a-t-il affirmé dimanche sur NPO. Une phrase qui a fortement déplu au Premier ministre: après six ans de silence, celui-ci a réactivé son compte Twitter pour écrire: "zéro pourcent, Geert. ZERO pourcent. Cela. N'arrivera. Pas." Le message est clair. Mais aux Pays-Bas comme en Europe, le PVV n'a pas fini de faire parler de lui.

Ariane Kujawski