BFMTV
Europe

Incendie du ferry Norman Atlantic: 13 morts, mais les autorités redoutent un bilan plus lourd

Des images du ferry en flammes, avant que l'incendie ne soit circonscrit dimanche soir.

Des images du ferry en flammes, avant que l'incendie ne soit circonscrit dimanche soir. - Guardia Costiera - AFP

L'incendie du ferry a été maîtrisé, et les opérations de secours ont duré jusqu'à lundi midi pour évacuer tous les rescapés. Le nouveau bilan de cet accident atteint les dix victimes, après la découverte de nouveaux corps par la marine italienne.

L'incendie du ferry Norman Atlantic, qui a pris feu dimanche en mer Adriatique, a officiellement fait 13 morts, mais sans doute davantage en raison de la présence désormais "établie" de clandestins à bord et du manque de fiabilité de la liste des passagers. Outre 11 passagers, dont trois Italiens, deux marins albanais venus en aide aux secouristes sont morts, victimes de la rupture d'un câble de remorquage pendant les opérations de sauvetage en mer.

Des clandestins sur le ferry

Mais l'épave du ferry, une fois récupérée, révélera probablement d'autres victimes, a averti mardi le procureur de Bari (sud-est de l'Italie), Giuseppe Volpe, responsable de l'enquête ouverte sur les circonstances du drame. La présence de clandestins à bord est désormais "établie", trois d'entre eux ont été identifiés, deux Afghans et un Syrien, qui a demandé l'asile politique, a précisé le procureur. 

La totalité des rescapés avait pu être évacuée lundi à la mi-journée, selon les gardes-côte italiens. En milieu d'après-midi, le commandant du navire, Argilio Giacommazzi avait quitté le Norman Atlantic en dernier, comme il est d'usage en mer. "A 14h50, le commandant Argilio Giacomazzi abandonne le navire", ont indiqué les garde-côtes italiens sur leur compte Twitter. Ce commandant de 62 ans était resté seul en compagnie de quatre officiers de la marine militaire sur son navire en détresse, battant pavillon italien et affrété par la compagnie grecque Anek. Il a attendu que l'ultime membre de son équipage et le dernier passager soient évacués pour quitter son navire.

Un nombre de passagers toujours flou

A cette incertitude viennent aussi s'ajouter les interrogations sur d'éventuels disparus, faute de connaître le nombre exact de passagers se trouvant à bord du ferry dimanche quand le drame a eu lieu dans la mer Adriatique, au large de l'Albanie. Les autorités italiennes mettent en effet en garde sur le nombre exact de passagers. Seule certitude, 427 personnes, dont les 56 membres d'équipage, ont été sauvées des flammes à l'occasion d'une opération de sauvetage "sans précédent", selon les autorités italiennes. Le ferry, désormais vide de ses passagers, va être remorqué vers le port italien de Brindisi, à environ 40 milles (environ 75 km) du lieu de l'incendie. 

Le feu s'est déclaré sur le ferry dimanche à l'aube dans l'emplacement réservé aux véhicules, par une mer démontée et des vents violents, alors que le bateau assurait la liaison entre Patras, dans le sud-ouest de la Grèce, et Ancône, dans l'est de l'Italie. Le ferry, construit en 2009, battant pavillon italien et affrété par la compagnie grecque Anek, avait récemment été inspecté. Selon l'armateur italien, un problème avait été détecté sur l'une des portes pare-feu, située sur le pont numéro 5, précisément à l'endroit où l'incendie se serait déclenché, a indiqué le groupe Visenti, cité par l'agence de presse italienne Ansa.

10 Français à bord du ferry

Des passagers de 26 nationalités, dont dix Français et beaucoup de Turcs et d'Italiens, se trouvaient à bord du Norman Atlantic. "Nos compatriotes ont été choqués mais leur santé n'est pas en danger", a assuré le porte-parole du Quai d'Orsay sur BFMTV. 

"Nous avons mis en place un dispositif spécifique en Grèce dans les ports de Corfou, Patras et Igoumenitsa. Nous avons également une équipe du consulat de France à Rome qui est positionné au port de Bari en Italie en présence de notre ambassadrice Catherine Colonna", a déclaré Romain Nadal à BFMTV.

"Nous sommes frigorifiés, très fatigués"

Interrogé par Europe 1, l'un des dix passagers français, Jean-Philippe Demarc, a dit avoir "peur, très peur", et froid. Il a raconté avoir entendu "des grands coups", puis avoir vu "de la fumée partout". "Tout le monde se suivait à la queue-leu-leu et on s'est tous retrouvés sur les ponts extérieurs". "Nous sommes frigorifiés, nous sommes très, très fatigués", concluait ce passager. D'autres témoignages soulignaient la vitesse de propagation de l'incendie. "En cinq minutes le feu s'est propagé partout. On n'a pas pu prendre nos affaires, on n'a rien pu faire", a raconté un témoin sur BFMTV. Un autre, encore secoué par ce qu'il venait de vivre, a confié s'être assis au bord de son lit le lendemain du sauvetage et "j'ai pleuré."

A. G. & Jé. M. avec AFP