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Hongrie: des milliers de personnes dans la rue pour la Marche des fiertés

Des personnes participent à la parade de la fierté LGBTIQA+ à Budapest le 23 juillet 2022, en souvenir des émeutes de Stonewall, le premier grand soulèvement des homosexuels contre les agressions de la police à New York le 27 juin 1969.

Des personnes participent à la parade de la fierté LGBTIQA+ à Budapest le 23 juillet 2022, en souvenir des émeutes de Stonewall, le premier grand soulèvement des homosexuels contre les agressions de la police à New York le 27 juin 1969. - Ferenc ISZA / AFP

L'année dernière, un texte a été adopté dans le pays qui interdit "la représentation ou la promotion" de l'homosexualité et du changement de sexe auprès des mineurs.

Plusieurs milliers de Hongrois ont défilé ce samedi à Budapest pour défendre les droits des LGBT+, un an après l'entrée en vigueur d'une loi jugée discriminatoire. Coeur géant, drapeaux et ombrelles aux couleurs de l'arc-en-ciel, la manifestation s'est déroulée en toute légalité le long du Danube par une chaleur caniculaire.

Les participants, parmi lesquels des diplomates étrangers, ont condamné le texte adopté l'été 2021 qui interdit "la représentation ou la promotion" de l'homosexualité et du changement de sexe auprès des mineurs.

"C'est un outil pour diviser les gens et les monter les uns contre les autres", selon Armin, qui n'a pas voulu donner son nom de famille. "Pour être franc, la situation est déprimante", a confié Pal Vas, un étudiant de 18 ans qui quittera la Hongrie en septembre pour ses études.

"Nous sommes une société rétrograde"

"J'ai la chance d'avoir une famille et des amis ouverts, mais je connais tellement de personnes LGBT+ qui sont obligées de se cacher", dit le jeune homme, qui raconte avoir récemment été insulté dans la rue. "Juste parce ce que je portais un tee-shirt rose".

Annamaria Nemet, vendeuse de 54 ans, est venu par solidarité avec son fils. "Je ne peux pas accepter le fait qu'il soit considéré comme un citoyen de second rang dans son propre pays", souligne-t-elle. "Nous sommes une société rétrograde".

Sur un pont de la ville, des contre-manifestants avaient déployé une banderole faisant l'amalgame entre homosexualité et pédophilie, à l'image de la loi.

"Laissez nos enfants tranquilles"

La loi hongroise, visant à l'origine à lutter contre la pédocriminalité, avait soulevé l'an dernier un tollé en Europe: la présidente de la Commission Ursula von der Leyen avait parlé de "honte". Dans la foulée, l'exécutif européen avait lancé une procédure d'infraction contre la Hongrie, avant de saisir mi-juillet la Cour de justice de l'UE.

Le Premier ministre nationaliste et ultra-conservateur Viktor Orban, dont le pays est dans le collimateur de Bruxelles pour ses atteintes à l'Etat de droit, assure que la loi n'est pas homophobe et vise à "protéger les droits des enfants".

Ce samedi, à l'occasion d'un discours en Roumanie, il a réaffirmé la position du gouvernement: "Le père est un homme, la mère est une femme, laissez nos enfants tranquilles", a-t-il insisté, rejetant "les absurdités occidentales" sur le sujet.

S.R. avec AFP