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Hongrie: des migrants refusent de quitter un train pour aller dans un camp de réfugiés

Une migrante cerclée de policiers tente de se débattre, son enfant dans les bras, le 3 septembre, à Bicske, en Hongrie.

Une migrante cerclée de policiers tente de se débattre, son enfant dans les bras, le 3 septembre, à Bicske, en Hongrie. - Istvan Bielik - AFP

Un train transportant des migrants effectuant la liaison entre Budapest et la frontière autrichienne a été stoppé par la police ce jeudi. Des policiers ont entrepris de faire descendre les migrants du train pour les emmener dans des camps de réfugiés.

Une femme couchée sur des rails face aux policiers, cramponnée à son enfant: en Hongrie, des migrants ont refusé, ce jeudi, de quitter un train qui devait les conduire à la frontière autrichienne, dénonçant un "piège" des autorités qui souhaitent les transférer dans un camp de réfugiés. 

Train immobilisé

"Tuez-moi, tuez-moi, je préfère mourir que d'aller dans un camp!", a lancé un Irakien à la police, face aux caméras, devant le train arrêté dans la petite gare de Bicske, à une quarantaine de kilomètres de Budapest, la capitale hongroise. "SOS!", "Germany!", "No camp!": d'autres migrants, en majorité syriens, ont également exigé de pouvoir poursuivre leur trajet, prévu jusqu'à la frontière autrichienne.

La rame verte de la compagnie MAV, prise d'assaut par au moins 200 migrants ce jeudi en fin de matinée, devait officiellement rejoindre Szombathely et Sopron, deux villes frontalières. Mais arrivé à Bicske, après quelques dizaines de kilomètres, le train s'est immobilisé et la police a entrepris de faire débarquer les passagers pour, selon l'agence de presse officielle MTI, les faire monter à bord de cars à destination du camp de réfugiés local. 

Un enfant est évacué d'un train stoppé à Bicske, en Hongrie, le 3 septembre.
Un enfant est évacué d'un train stoppé à Bicske, en Hongrie, le 3 septembre. © Attila Kisbenedek - AFP
Un migrant est arrêté par la police jeudi 3 septembre, à Bicske, en Hongrie.
Un migrant est arrêté par la police jeudi 3 septembre, à Bicske, en Hongrie. © Istvan Bielik - AFP
Des migrants sont arrêtés jeudi 3 septembre, à Biscke, en Hongrie.
Des migrants sont arrêtés jeudi 3 septembre, à Biscke, en Hongrie. © Istvan Bielik - AFP

Un "piège" des autorités?

La chaîne britannique de télévision Sky News a diffusé des images de policiers casqués tentant d'emmener une femme criant, couchée sur les voies avec son jeune enfant dans les bras. La situation s'est apaisée dans le courant de l'après-midi, les policiers antiémeutes, présents en grand nombre, se contentant vers 15h15 GMT d'encercler le train.

L'arrêt inopiné du train à Bicske, localité qui abrite l'un des quatre principaux camps de réfugiés hongrois, a été qualifié par un bénévole se faisant le porte-parole des migrants de "piège" tendu par les autorités. La rame était partie de la gare de Keleti à Budapest, rouverte dans la matinée après avoir été fermée pendant deux jours en raison de l'afflux de migrants cherchant à rejoindre l'ouest de l'Europe.

"Ils veulent juste dégager les gens d'ici et les envoyer dans des camps"

Face à l'ampleur du phénomène, la Hongrie, un des principaux pays de transit de migrants en Europe centrale, a suspendu mardi sine die ses liaisons ferroviaires internationales. Le train devait toutefois permettre aux passagers d'arriver à quelques kilomètres seulement de la frontière autrichienne.

Quelque 2.000 réfugiés se trouvaient par ailleurs toujours à la gare de Budapest-Keleti jeudi après-midi, selon une estimation du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Selon Marton Bisztrai, un bénévole travaillant à l'accueil des migrants à Keleti, le départ des trains était destiné à piéger les migrants. "Je pense que c'est une entourloupe du gouvernement, de la police et de la compagnie ferroviaire", a-t-il déclaré. "Ils veulent juste dégager les gens d'ici et les envoyer dans des camps. C'est très cynique", a-t-il estimé.

A Bruxelles, Viktor Orban, qui a fait ériger une clôture de barbelés contre les migrants à la frontière serbe, a fermement défendu jeudi la gestion de la crise par Budapest, estimant qu'il ne s'agit "pas d'un problème européen mais allemand". "Personne ne veut rester en Hongrie, en Slovaquie, en Estonie, en Pologne. Tous veulent aller en Allemagne. Notre job est juste de les enregistrer et nous les enregistrerons", a-t-il dit.

A.S. avec AFP