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Guerre en Ukraine: l'ONU lance une enquête sur les atrocités reprochées aux troupes russes

Un immeuble détruit par un bombardement, le 10 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine (Photo d'illustration)

Un immeuble détruit par un bombardement, le 10 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine (Photo d'illustration) - SERGEY BOBOK © 2019 AFP

L'ONU a approuvé une enquête sur les exactions commises par la Russie en Ukraine et demande l'accès à des zones contrôlées par Moscou.

Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a resserré jeudi son étau sur la Russie en approuvant à une écrasante majorité la création d'une enquête sur les atrocités reprochées aux troupes d'occupation russes.

À Genève, le Conseil des droits de l'Homme a adopté une résolution visant la Russie lors d'une session extraordinaire par 33 votes pour, 2 contre (Chine et Erythrée) et 12 absentions (dont l'Inde, le Sénégal et le Cameroun). Elle demande à la commission internationale de mener une "enquête" sur les graves violations des droits humains commises par les forces russes dans les régions de Kiev, Tcherniguiv, Kharkiv et Soumy à la fin de février et en mars 2022, "en vue de demander des comptes aux responsables".

L'ONU veut l'accès aux zones contrôlées par les Russes

À l'issue d'une première réunion le 4 mars, Kiev était parvenue à faire adopter une résolution décidant de créer d'urgence une commission d'enquête internationale indépendante sur la situation en Ukraine depuis l'invasion du 24 février.

Depuis, la diffusion dans les médias internationaux de photos prises à Boutcha et montrant des corps dans la rue, certains les mains liées dans le dos ou partiellement brûlés, ainsi que des fosses communes, ont provoqué une vague de condamnation internationale. D'autres atrocités ont été révélées ailleurs dans le pays, poussant l'Ukraine à réclamer "un pas de plus" du Conseil.

La résolution adoptée jeudi demande également à Moscou de faire sorte que les organisations internationales, dont celles de l'ONU, puissent "accéder immédiatement et sans entrave aux personnes qui ont été transférées de régions ukrainiennes touchées par le conflit et sont détenues" en Russie ou dans des territoires contrôlées par ses forces.

Le texte appelle par ailleurs la Haute Commissaire aux droits de l'Homme Michelle Bachelet à faire le point - lors de la 50e session du Conseil (du 13 juin au 8 juillet) - sur la situation à Marioupol, désormais presque entièrement sous contrôle des forces russes.

"La communauté internationale ne peut pas rester silencieuse"

Avant le vote, l'Ukraine et ses alliés ont dénoncé pendant de longues heures "la liste interminable" des exactions commises par la Russie, qui a boycotté les débats. "Torture et disparitions forcées, violences sexuelles et de genre, la liste des crimes russes est interminable", a déclaré la Première vice-ministre des Affaires étrangères de l'Ukraine, Emine Dzhaparova, dans une allocution vidéo.

"L'agression russe s'accompagne, chaque jour, de découvertes toujours plus macabres et insoutenables", a affirmé pour sa part l'ambassadeur français Jérôme Bonnafont.

Cette résolution "a pour but d'amener tous les responsables de ces atrocités à rendre des comptes", a-t-il expliqué avant le vote, assurant que "la communauté internationale ne peut pas rester silencieuse".

Michelle Bachelet a déclaré que son bureau continuait de vérifier les allégations d'exactions, "dont beaucoup peuvent relever de crimes de guerre" et a dénoncé les "horreurs inimaginables" subies par les habitants de Marioupol. "L'ampleur des exécutions illégales, y compris les indices d'exécutions sommaires dans les zones situées au nord de Kiev, est choquante", a-t-elle également dit, en précisant disposer pour l'instant d'informations sur 300 cas.

La Russie dénonce une "enquête à charge"

Il s'agissait de la première réunion consacrée à la détérioration de la situation des droits de l'Homme en Ukraine depuis que l'Assemblée générale de l'ONU a suspendu Moscou début avril de la plus haute instance de l'organisation internationale en matière de droits humains. La Russie peut participer aux travaux du Conseil en tant qu'observateur mais a choisi la politique de la chaise vide jeudi et renoncé à son droit de réponse.

Pour ne pas laisser complètement le terrain à ses adversaires, l'ambassadeur russe auprès de l'ONU à Genève Guennadi Gatilov a publié un communiqué dénonçant "la diabolisation de la Russie par 'l'Occident collectif'", parlant d'une enquête à charge et dénonçant les dérives du Conseil devenu un forum "pour faire des coups politiques".

A.A. avec AFP