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Guerre en Ukraine: des ONG alertent sur la multiplication des viols commis par les soldats russes

Une femme ukrainienne réfugiée à Lviv le 11 mars 2022

Une femme ukrainienne réfugiée à Lviv le 11 mars 2022 - Yuriy Dyachyshyn / AFP

Alors que le conflit se poursuit en Ukraine, des accusations de crimes de guerre à l'encontre de l'armée russe se multiplient. Parmi elles, des allégations concernant des viols commis par des militaires sur des civiles.

En temps de guerre, le viol est souvent utilisé comme une arme. Le conflit en Ukraine ne fait visiblement pas exception, selon les accusations d'ONG. Depuis le début de l'invasion russe, des organisations spécialisées dans les droits de l'Homme ont fait état de viols par des soldats russes sur des civiles, ce qui constitue des crimes de guerre.

Le dernier récit en la matière vient de Human Rights Watch. L'ONG a publié ce dimanche l'histoire d'Olha, une Ukrainienne de 31 ans originaire d'un village près de Kharkiv. Elle raconte qu'alors qu'elle était dans une école avec plusieurs habitants pour se protéger, un soldat russe l'a prise à part et l'a violée à plusieurs reprises, en la menaçant d'un pistolet et d'un couteau. Human Rights Watch assure avoir recensé au moins trois histoires semblables, sans pour autant être capable de les vérifier dans l'immédiat.

Ce n'est pas la première fois que ce type de récit fait surface. Lors de leur visite en France, une délégation de députées ukrainiennes ont assuré avoir pu confirmer une vingtaine de cas de viols.

Un phénomène de masse

Dans une interview à 20 Minutes, l'historienne Élodie Jauneau, spécialisée dans les violences et l'armée, rappelle que les viols et les agressions sexuelles sont "un comportement inhérent aux pratiques en temps de guerre". Un point de vue partagé par la juriste et enquêtrice criminelle internationale Céline Bardet sur France 24. "Quand un conflit débute, très rapidement, les allégations de viol qui suivent sont souvent évidemment confirmées", dénonce-t-elle.

Élodie Jauneau indique même craindre que "d'ici trois semaines ou trois mois, on découvre un phénomène de masse de viols de l'armée".

Dans d'autres conflits récents, cette problématique a déjà été soulevée. Ainsi, en 2021, Amnesty International a accusé des soldats éthiopiens et érythréens d'avoir violé des centaines de femmes lors de la guerre du Tigré. Quelques années plus tôt, Human Rights Watch dénonçait des "viols systématiques" commis par des soldats birmans contre les femmes rohingya.

Une réponse difficile à trouver

Depuis le début des années 2000, plusieurs initiatives ont été lancées, notamment aux Nations unies, pour tenter de trouver des solutions afin d'éviter cette utilisation du viol comme arme de guerre. Rien n'a cependant véritablement réussi à endiguer durablement le phénomène à ce jour, d'autant que faire parler les victimes est une vraie difficulté.

"Quel que soit le contexte, les victimes de viol ressentent un sentiment de choc et de honte. Sur les zones de conflit, il y a en plus la conscience qu’elles ne sont ni en sécurité ni en confiance. Par conséquent, elles ne se signalent pas", avance Céline Bardet à Libération.

La spécialiste explique notamment avoir créé un site internet permettant aux victimes viols de guerre de se signaler, d'envoyer des photos et de conserver le tout dans un coffre-fort virtuel, au cas où elles souhaitent porter plainte un jour. La version définitive de Backup était prévue pour juin 2022. "Mais, avec ce qui se passe en Ukraine, on est énormément contactés. Alors on accélère pour tenter de le lancer plus rapidement", déclare-t-elle.

Anthony Audureau