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Grèce

Grèce: échec de l'élection du président, vers des législatives anticipées

Le parlement grec lors du deuxième tour de l'élection présidentielle, le 17 décembre dernier.

Le parlement grec lors du deuxième tour de l'élection présidentielle, le 17 décembre dernier. - Aris Messinis- AFP

Stavros Dimas n'a pas recueilli assez de voix pour être élu président de la Grèce. Des élections législatives sont prévues le 25 janvier prochain, et pourraient ouvrir à la voie à la gauche radicale.

Vers un séisme politique en Grèce? Stavros Dimas, ancien Commissaire européen et candidat du gouvernement grec à l'élection présidentielle, a perdu sans surprise ce lundi l'élection devant les 300 députés. Le Parlement va être automatiquement dissous dans les dix jours, et des législatives anticipées organisées le 25 janvier. Prenant acte de la défaite de son candidat, le premier ministre Antonis Samaras a décidé que ces élections, "les plus décisives depuis des décennies", devaient se tenir le plus rapidement possible.

Stavros Dimas devait réunir 180 voix lors de ce troisième et dernier tour pour succéder à Carolos Papoulias au poste honorifique de président de la République. Le candidat du gouvernement n'a réuni que 168 voix, soit exactement le même score qu'il y a six jours lors du deuxième tour (contre 160 au premier tour). Un vote en forme de rejet de la politique d'austérité qui pèse depuis quatre ans sur le peuple grec, sous l'égide du gouvernement de coalition du conservateur Antonis Samaras. 

Effondrement de la Bourse d'Athènes

Le parti de la gauche radicale Syriza et son leader Alexis Tsipras pourraient sortir vainqueurs des législatives anticipées. Syriza compte renégocier l'aide financière internationale accordée à la Grèce par le FMI et l'Union européenne. Un programme anti-austérité redouté par les marchés. La Bourse d'Athènes a très mal accueilli l'échec du vote présidentiel, cédant plus de 11%. L'indice avait déjà chuté de 20% début décembre après l'annonce-surprise d'un calendrier avancé de deux mois pour le scrutin présidentiel. Athènes a dû accepter récemment une extension de deux mois du plan d'aide de l'Union européenne, sur fond de désaccords persistants avec ses créanciers.

Une "volonté de mettre fin aux politiques de rigueur"

Alexis Tsipras n'a rien fait pour calmer ces craintes à la sortie du vote: "C'est un jour historique. Avec la volonté du peuple, dans quelques jours, les plans d'austérité appartiendront au passé, l'avenir peut commencer", a-t-il réagi, ajoutant que le peuple grec avait montré "sa volonté de mettre fin aux politiques de rigueur." Syriza enregistre pour l'instant une avance d'au moins trois points sur le parti Nouvelle démocratie du Premier ministre. Une enquête de Kapa Research a cependant montré ce week-end que les Grecs, dans cette période incertaine, pensaient à 44,1% qu'Antonis Samaras était le meilleur pour diriger le pays, contre 34,4% seulement pour le leader de Syriza Alexis Tsipras.

"La Grèce va se libérer"

Plusieurs responsables politiques grecs et européens ont réagi à l'échec du vote présidentiel et à l'organisation de législatives anticipées. La députée Dora Bakoyannis, membre du parti Nouvelle Democratie du Premier ministre, a estimé que "l'opposition avait aujourd'hui forcé l'arrivée d'élections au pire moment pour l'économie du pays". La commission européenne a appelé les électeurs grecs à soutenir les réformes "favorables à la croissance" lors des législatives anticipées. "Un engagement fort envers l'Europe et un large soutien de la part des électeurs et des dirigeants politiques grecs envers le nécessaire processus de réformes favorables à la croissance sont essentiels pour que la Grèce prospère à nouveau au sein de la zone euro", a réagi Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques, dans un communiqué. Jean-Luc Mélenchon, député européen et ancien candidat à la présidentielle de 2012, s'est de son côté félicité sur Twitter de la possible accession au pouvoir de Syriza :

J.D. avec AFP