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Grèce

Gouvernement Tsipras: 10 ministres, que des hommes

Alexis Tsipras, le 26 janvier, au palais présidentiel d'Athènes.

Alexis Tsipras, le 26 janvier, au palais présidentiel d'Athènes. - Aris Messinis - AFP

Le gouvernement du nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras a été dévoilé mardi, avec en vedette Yanis Varoufakis, ministre des Finances qui sera chargé d'aller renégocier la dette à Bruxelles. un gouvernement qui ne brille pas en matière de parité.

Yanis Varoufakis, le tout nouveau ministre des Finances du gouvernement Tsipras, n'en fait pas mystère, il veut renégocier à Bruxelles "l'odieuse dette" grecque. Physique et parcours détonnant dans la classe politique, ce professeur d'économie de 53 ans, étiqueté comme un des "radicaux" de Syriza, est partisan de la "fin des mesures d'austérité", qui ont provoqué "une crise humanitaire" en Grèce, selon lui. Autant dire que les négociations s'annoncent serrées avec celui qui tiendra désormais les cordons des finances grecques."Economiste par accident", comme il se décrit dans son blog, Yanis Varoufakis, ancien conseiller de l'ex-Premier ministre socialiste Georges Papandréou, est un proche du parti de gauche radicale Syriza, mais pas un de ses membres. C'est en tout cas une des figures phare du nouveau gouvernement grec, dévoilé par Alexis Tsipras, mardi.

Le parti des Grecs indépendants obtient la Défense

Alexis Tsipras a également nommé comme vice-Premier ministre un économiste considéré comme plus modéré, Ioannis Dragasakis, 68 ans, adepte de la restructuration de la dette mais aussi de réformer l'Etat. Le gouvernement Tsipras est resserré, ne comportant plus qu'une dizaine de ministères, dont quatre super-ministères (Economie, Intérieur, Culture, Santé).

Le partenaire de la coalition, le parti souverainiste de droite des Grecs indépendants, obtient le ministère de la Défense pour son président Panos Kammenos. Le ministre des Affaires étrangères est Nikos Kotzias, un universitaire et professeur et ancien conseiller de l'ex-premier ministre socialiste Georges Papandréou.

On peut le remarquer, ce gouvernement resserré en grande partie de gauche, ne brille pas par sa parité. Dans la liste de la douzaine de ministres déjà connue, aucune femme n'est recensée.

Priorités: lutter contre "l'exclusion, le clientélisme, la corruption"

Sur le front intérieur, la priorité du gouvernement sera de consacrer 1,2 milliard d'euros à lutter contre "l'exclusion sociale", subie par des dizaines de milliers de Grecs après six ans d'austérité drastique, de rétablir le salaire minimum de 580 à 751 euros, de supprimer certains impôts et de lutter "contre le clientélisme" et "la corruption". Ces mesures provoquent des frissons en Europe et surtout en Allemagne, chantre de la rigueur budgétaire, qui craint une contagion du relâchement aux autres pays européens. Après un long silence, la chancelière allemande Angela Merkel a fini par féliciter mardi Alexis Tsipras pour sa victoire, lui souhaitant "force et succès".

Syriza veut une "conférence européenne sur la dette"

Mais l'objectif principal -et la promesse électorale du nouveau Premier ministre- reste la lutte contre l'austérité. Alexis Tsipras a assuré dimanche après sa victoire aux législatives anticipées que l'austérité était du passé, assurant cependant qu'il était disposé à négocier une solution "bénéficiant à tous". Le patron de l'Eurogroupe s'est félicité du fait que Syriza ait "pour ambition de rester dans la zone euro. C'est la base à partir de laquelle nous allons travailler".

Syriza souhaite l'organisation d'une conférence européenne sur la dette, pas seulement celle de la Grèce, sur le modèle de celle qui, à Londres en 1953, a conduit à l'effacement de l'essentiel de la dette de l'Allemagne, sortie ruinée de la Seconde guerre mondiale. La question de la restructuration de la dette divise les Européens, alors que la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde ne rejette pas complètement l'idée d'une telle conférence.

D. N. avec AFP