BFMTV
Grèce

Crise grecque: la lettre pro-Europe de DSK à ses "amis allemands"

Dominique Strauss-Kahn le16 février dernier à Lille.

Dominique Strauss-Kahn le16 février dernier à Lille. - François Lo Presti - AFP

Publiée en trois langues sur Twitter, Dominique Strauss-Kahn livre dans une longue tribune son souhait de voir une Europe portée par "une solidarité citoyenne" et qui "continue à façonner l'Histoire".

Trois semaines après avoir proposé ses solutions à la crise grecque sur Twitter, DSK récidive. Adressée à ses "amis allemands" et publiée en trois langues (anglais, allemand, français), Dominique Strauss-Kahn fait part cette fois-ci dans une longue missive de "l'Europe qu'il souhaite". Appelant ainsi le peuple germanique à "avoir une vision commune" avec la France et à ne pas se laisser tenter par "le repli sur le Nord." Morceaux choisis.

"Un accord insuffisant mais heureux"

Les premiers mots de DSK sont pour François Hollande et Angela Merkel. Il félicite le premier d'avoir "tenu bon" et la deuxième "d'avoir bravé ceux qui ne voulaient à aucun prix un accord". Il applaudit alors un accord qu'il juge certes "insuffisant" mais "heureux". 

S’il se réjouit d'un futur plan de sauvetage, l'ancien patron du FMI fustige les conditions de cet accord, qu'il juge "effrayantes". Selon lui, "ce qui s'est passé pendant le week-end dernier (réunion de l'Eurogroupe, Ndlr) est fondamentalement néfaste, presque mortifère", estime celui qui, pour avoir été ministre des Finances, connaît bien ce genre de rassemblement.

Une fois ces considérations passées, Dominique Strauss-Kahn s'interroge ensuite sur la naissance de l'Europe citant les philosophes Erasme ou encore Cioran. Il s'adresse de nouveau à "ses amis allemands" et à "ceux qui pensent qu'une culture européenne existe". Une culture où se fondent "l'individualisme et l'universalisme égalitaire". Évoquant ainsi le concept de "solidarité citoyenne" du théoricien et philosophe allemand Jürgen Habermas. Exalté, DSK se lance dans une énumération de grands noms qui ont fait le Vieux continent. "L'Europe, c'est Michel-Ange, Shakespeare, Descartes, Beethoven, Marx, Freud et Picasso".

"Occupés à compter nos milliards"

Puis il s'en prend aux dirigeants politiques qui sont occupés "à compter nos milliards plutôt qu'à utiliser pour construire (...) à préférer humilier un peuple parce qu'il est incapable de se réformer (...). Selon lui, en agissant de cette manière, "nous tournons le dos à la solidarité citoyenne d'Habermas". Il préconise ainsi à la France comme à l'Allemagne d'inventer d'urgence "une vision commune" afin d'éviter "un repli sur le Nord qui ne suffira pas à nous sauver".

Si elle "veut survivre parmi les géants (Russie, Etats-Unis, Chine..., Ndlr) l'Europe devra regrouper tous les territoires compris entre les glaces du Nord, les neiges de l'Oural et les sables du Sud. C'est-à-dire retrouver ses origines et envisager (...) la Méditerranée comme notre mer intérieure", conseille-t-il encore. Car même si "une alliance de quelques pays européens" est "emmenée par le plus puissant d'entre eux", elle sera "peu capable, selon DSK, d'affronter seule la pression russe". Et de conclure que "pour être un modèle, L'Europe doit voir loin, refuser les mesquineries, jouer son rôle dans la mondialisation, en un mot, continuer à façonner l'Histoire".

Mélanie Godey