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"Une personne douce et joyeuse": l'hommage de Sylviane Imhoff à son fils Frédéric, tué en Ukraine

La mère de notre collègue, tué en Ukraine le 30 mai dernier dans l'est de l'Ukraine, a rendu hommage à son fils à l'occasion d'un rassemblement organisé en sa mémoire ce vendredi, place de la République, à Paris.

Âgé de 32 ans, Frédéric Leclerc-Imhoff, notre collègue de BFMTV, a été tué par un éclat d’obus le 30 mai dernier près de Lyssytchansk, dans l'est de l’Ukraine, alors qu’il couvrait une opération d’évacuation de civils. Un rassemblement en sa mémoire a été organisé ce vendredi place de la République à Paris, en présence de ses proches.

À la tribune, sa maman, Sylviane Imhoff a décrit "quelqu'un d'excessivement modeste, qui n'aimait pas se mettre en avant". "Je pense qu'il aurait éprouvé une certaine gêne à vous voir rassemblés ce soir pour lui. Mais il aurait adoré nous voir rassemblés autour des valeurs dont il était pétri", a-t-elle déclaré.

"Même dans ces conditions extrêmes, il gardait le souci de la belle image"

La mère de notre collègue est revenue sur le choix de son fils pour le journalisme. "Ce métier (...), la manière dont il le concevait, il l'avait choisi en parfaite cohérence avec ce qu'il défendait: donner la parole aux plus humbles, aux invisibles, à ceux qui ne sont rien, leur rendre justice en les mettant dans la lumière, lui qui préférait l'ombre de sa caméra".

"Avant de partir pour sa première mission (en Ukraine), il nous avait clairement exprimé que cela représentait le sens même de son engagement professionnel, ce pourquoi il avait choisi ce métier: se servir de son objectif pour montrer la réalité, en toute impartialité, permettre de comprendre au-delà de toutes les propagandes, dénoncer l'horreur avec pudeur et retenue, sans recherche de sensationnel. (...) Et même dans ces conditions extrêmes, il gardait le souci de la belle image. Non pas dans un désir d'esthétisme nombriliste, mais comme pour dresser un rempart d'humanité positive face à la barbarie", a souligné Sylviane Imhoff.

"Et même si vous ne l'aviez jamais rencontré, j'ai envie de vous appeler mes amis, ses amis"

Et d'interpeller le maître du Kremlin, qui a pris la décision, le 24 février dernier, d'envahir l'Ukraine: "Voilà M. Poutine, la belle personne que vous avez fait tuer".

"Au-delà de Fred, je veux vous crier que chaque journaliste assassiné ou empêché de travailler, quelque soit le pays dont il provient, c'est une part de notre liberté qui s'en va en fumée. Mais je sais aussi que vous êtes nombreux ici à continuer à tenir fermement ce flambeau", a-t-elle lancé à la foule rassemblée sur la place de la République.

"Fred était une personne douce et joyeuse, alors ne soyez pas tristes. Je ne crois pas qu'il l'aurait voulu. Et même si vous ne l'aviez jamais rencontré, j'ai envie de vous appeler mes amis, ses amis. Et de vous dire, tout simplement: merci".

Fanny Rocher