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Europe

Faut-il un Smic européen ?

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Un salaire minimum commun à tous les Européens : utopie ou avancée sociale indispensable ? Droite et gauche argumentent, à 3 jours du scrutin européen.

Plusieurs partis de gauche et d'extrême-gauche proposent l'instauration d'un salaire minimum commun à tous les Etats de l'Union Européenne, sous différentes modalités. Le PS propose un SMIC [salaire minimum interprofessionnel de croissance] égal à 60 % du salaire médian [50% des habitants touchent plus et 50% touchent moins] de chaque pays ; soit 956 euros nets pour la France, le Smic actuel étant à 1037 euros nets. « Rien n'empêchera un pays de le placer plus haut », précise le porte-parole du PS Benoît Hamon, qui estime qu'un salaire minimum européen, ce serait une avancée pour tout le monde : « Le seul moyen pour les Roumains d'attirer l'activité et de faire de la croissance, c'est d'avoir des salaires bas. Donc ils les maintiennent bas. Du coup, ça favorise les délocalisations et madame Parisot [présidente du MEDEF] va voir Nicolas Sarkozy en disant : vous voyez, si vous voulez éviter les délocalisations, faut nous baisser les cotisations patronales et nous aider à faire de la modération salariale. C'est perdant-perdant : pour le salarié roumain, qui se voit maintenu dans des salaires bas, et pour le salarié français, sur lequel il y a une pression à la baisse de son salaire. »

De son côté, le Front de gauche préconise un salaire minimum équivalent à 60 % du salaire moyen dans chaque pays ; soit 1600 euros bruts pour la France. Pour « commencer l'harmonisation sociale partout dans les pays de l'UE », explique Marie-Georges Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste et représentante des listes du Front de Gauche pour les élections européennes. Le Nouveau Parti Anticapitaliste d'Olivier Besancenot propose lui, un Smic européen à 1500 euros nets.

« C'est complètement utopique »

Pour l'instant, il n'est pas question pour de nombreux pays de l'Union européenne d'adopter des règles sur un salaire minimum européen. Et ce qui bloque selon Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, « c'est d'abord le principe même d'un salaire minimum. Même en Allemagne, il n'y a pas de salaire minimum uniforme partout sur le territoire [ndlr, ni en Autriche, à Chypre, au Danemark, en Finlande, en Italie et en Suède]. Et bien sûr dans les économies émergeantes d'Europe centrale, ce n'est pas la priorité. Vouloir immédiatement transposer nos modèles d'économies riches sur des économies qui le sont moins, c'est complètement utopique. Et jamais, ni les gouvernements, ni l'UE - dont ce n'est pas la compétence - ne pourraient s'en occuper. » En effet, entre certains pays, l'écart est gigantesque : Au Luxembourg, on touche au minimum 1641 euros pour un temps plein, en Bulgarie, le salaire minimum est de 122 euros.

Pour la tête de liste UMP dans le Sud-est Françoise Grossetête, « ce sont des idées bien généreuses, mais comme d'habitude ça n'est absolument pas réaliste. Les ministres, nos dirigeants n'accepteront pas, parce qu'il faut que les pays puissent payer. Moi, je compte beaucoup plus sur la progression économique, grâce aux investissements faits par l'UE pour hausser leur niveau de vie économique. Et à ce moment-là, spontanément, les salaires augmentent. »

La rédaction, avec Yann Abback