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Espagne

Saint-Jacques de Compostelle: le conducteur refuse de coopérer

Le conducteur du train, juste après l'accident, soutenu par deux riverains.

Le conducteur du train, juste après l'accident, soutenu par deux riverains. - -

Le conducteur du train dont le déraillement a fait 78 morts a été placé en garde à vue pour "imprudence". Il est soupçonné d'avoir roulé trop vite, mais il refuse de répondre aux enquêteurs.

Le conducteur du train qui a déraillé à Saint-Jacques de Compostelle, dans le nord-ouest de l'Espagne, sombre dans le mutisme. Francisco José Garzón refuse de répondre aux questions des enquêteurs. Il a été placé en garde à vue "pour imprudence", soupçonné d'avoir roulé beaucoup trop vite dans un virage dangereux, faisant 78 morts et 178 blessés.

Cet homme expérimenté de 52 ans, dont la photo, l'air hébété, le visage ensanglanté après l'accident, faisait le tour des médias, ne semble pas avoir réussi à freiner à temps, alors que le train, selon le quotidien El Pais, circulait à 190 kilomètres heure sur un tronçon où la vitesse était limitée à 80 km/h.

L'enquête semblant s'orienter vers une lacune du système de sécurité combinée à une vitesse excessive. Le train "roulait à grande vitesse sur un tronçon sans sécurité pour la grande vitesse", résumait El Mundo.

"Je devais aller à 80 et je vais à 190"

"L'alarme, comme l'a reconnu le conducteur lui-même, s'est allumée sur le tableau de bord et il a essayé de freiner, sans pouvoir empêcher la tragédie", ajoute le journal.

"Je devais aller à 80 et je vais à 190", lance le conducteur, selon l'enregistrement de cette liaison radio rendu public par El Pais, au moment où il tentait désespérément d'arrêter le convoi. "J'ai déraillé, qu'est-ce que je peux faire ?", déclare-t-il, immédiatement après le drame.

Plusieurs médias ont diffusé des captures d'écran de la page Facebook du conducteur, prises avant que celle-ci ne soit désactivée jeudi matin. Y apparaissaient par exemple une photo prise en mars 2012 par Francisco José Garzon sur laquelle on voyait un compteur affichant 200 kilomètres heure et des commentaires dans lesquels il se vantait de conduire à cette vitesse.

Un Français parmi les personnes tuées

L'accident a fait au moins 78 morts. 73 corps ont été identifiés mais le travail des experts pour identifier les cinq derniers pourrait prendre du temps. Des "restes humains" ont également été retrouvés, pouvant appartenir à trois personnes différentes, a expliqué le tribunal de Galice.

Cinq étrangers figurent jusqu'à présent parmi les tués, un Algérien, une Mexicaine, un Américain, un Brésilien et une Vénézuélienne. La mairie de Saint-Jacques a aussi fait état d'un Français tué, ajoutant que celui-ci n'avait pas été identifié.

Sur les 178 blessés, 81 étaient toujours hospitalisés, dont 31 dans un état grave. Même si la priorité est d'identifier les derniers corps, Saint-Jacques de Compostelle, une ville de pèlerinage mondialement célèbre, se préparait à rendre un hommage solennel aux victimes. Les funérailles auront lieu lundi à 19 heures dans la cathédrale de la ville.

Les familles dans l'angoisse

Déjà, le montant des indemnité est évoqué. L'avocat d'un bureau spécialisé dans les indemnisations de victimes, Ignacio Gonzalez, indique à la télévision RTVE que les indemnisations finales seront de l'ordre de 150.000 euros par victime pour les proches.

Vendredi, quelques familles, épuisées, attendaient toujours que les médecins légistes achèvent leur travail. "Les familles sont épuisées, dans la douleur et l'angoisse", confie le maire, Angel Curras. "Il est certain que ce travail est compliqué, il y a des traumatismes multiples et des fractures".

La localité où s'est déroulée la catastrophe, Angrois, a reçu vendredi la visite du prince héritier Felipe et de son épouse Letizia, qui, après le roi Juan Carlos jeudi, se sont aussi rendus au chevet des blessés hospitalisés. Tout le hameau, aux portes de Saint-Jacques, vit au rythme des trains. Les ruelles débouchent sur les barrières surplombant les voies qui forment ici un virage.

L. B. avec AFP