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Espagne: un homme paraplégique euthanasié avant son procès pour tentatives de meurtre

Gros plan sur une injection en milieu hospitalier (illustration)

Gros plan sur une injection en milieu hospitalier (illustration) - Martin Bureau

Un agent de sécurité roumain, paraplégique depuis une fusillade lors de laquelle il avait notamment tiré sur trois de ses collègues, a été euthanasié ce mardi en Espagne. Les victimes réclamaient pourtant un procès.

Un homme paralysé depuis une fusillade au cours de laquelle il a tiré sur quatre personnes a été euthanasié mardi en Espagne, avant son jugement, une décision inédite dans le pays où le droit de mourir a primé sur les poursuites judiciaires.

"En accord avec la réalisation de l'euthanasie prévue aujourd'hui (mardi), monsieur Marin Eugene Sabu est mort à 18h30 à l'hôpital de Terrassa", dans le nord-est de l'Espagne, a annoncé son avocat dans un communiqué.

Marin Eugen Sabau, 46 ans, agent de sécurité roumain, avait tiré en décembre sur trois collègues ainsi qu'un policier, faisant plusieurs blessés mais aucun mort, à Tarragone avant d'être lui aussi atteint par un tir à la colonne vertébrale qui l'avait laissé paralysé.

"Le tireur de Tarragone"

Celui que la presse espagnole a surnommé "le tireur de Tarragone" disait avoir agi car il vivait "un enfer" au travail et accusait ses patrons de racisme. Il était depuis alité à l'hôpital pénitentiaire de Terrassa, près de Barcelone, et réclamait le droit de mourir.

"Je suis paraplégique. J'ai 45 points à la main. Je ne peux pas bouger le bras gauche. J'ai des vis (dans le corps) et je ne sens plus ma poitrine", avait-il ainsi expliqué à la juge du tribunal de Tarragone, qui avait statué début juillet en sa faveur.

Le tribunal ne s'était pas opposé à sa demande d'euthanasie, estimant début juillet qu'il s'agissait d'un "droit fondamental" et que "la loi ne réglemente pas de manière spécifique l'euthanasie lorsqu'il s'agit de personnes en détention provisoire ou qui font l'objet de poursuites judiciaires".

Des victimes frustrées

Les avocats des parties civiles souhaitaient, eux, un procès afin que l'accusé puisse indémniser les victimes. "Les victimes ont un sentiment de frustration: on a laissé une personne décider quand et comment elle en finissait avec les poursuites judiciaires", a déclaré José Antonio Bitos, l'avocat de deux policiers blessés (l'un par balles, l'autre dans la course-poursuite qui a suivi).

"Nous ne nous opposions pas à l'euthanasie en soi, mais au fait qu'elle ait lieu avant le procès", a-t-il insisté, regrettant n'avoir pu "voir ce monsieur s'asseoir sur le banc des accusés".

Il souligne que si ses clients obtiendront réparation de la part de l'administration publique parce qu'ils ont été blessés en service, les autres victimes de la fusillade "n'auront ni procès ni indemnisation".

La loi autorisant l'euthanasie est entrée en vigueur le 25 juin 2021 en Espagne, en faisant le quatrième pays européen à l'avoir dépénalisée, après les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg.

François de La Taille avec AFP