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Espagne: la vitesse en cause, un conducteur en détention

Le train roulait à 190 km/h au lieu de 80

Le train roulait à 190 km/h au lieu de 80 - -

Selon le dernier bilan, 80 personnes ont trouvé la mort dans l'accident d'un train survenu la veille à Saint-Jacques de Compostelle. Il s'agit de la tragédie ferroviaire la plus grave dans ce pays depuis 1944.

Saint-Jacques de Compostelle, ville de pèlerinage mondialement célèbre, dans le nord-ouest de l'Espagne, a vécu la journée de jeudi dans la douleur et l'angoisse. Au total, ce sont 80 personnes qui ont trouvé la mort dans l'accident d'un train provoqué par une vitesse excessive, survenu mercredi soir.

Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui a rendu visite aux blessés, a annoncé trois jours de deuil dans tout le pays. La Galice se préparait, quant à elle, à sept jours de deuil et le roi Juan Carlos comme le prince héritier Felipe suspendaient leurs activités.

> 80 morts, 140 blessés

L'accident s'est produit à 20h42 sur un tronçon de voie à grande vitesse, dans un virage très prononcé à environ quatre kilomètres de la gare de Saint-Jacques de Compostelle.

Plusieurs wagons sont sortis de la voie, s'empilant les uns sur les autres. L'un d'eux a été projeté en l'air, jusque sur un terre-plein au-dessus de la voie. Dans les heures qui ont suivi l'accident, plusieurs cadavres gisaient sur les voies, recouverts de couvertures.

Quatre-vingts personnes ont été tuées, selon la préfecture de Galice, le bilan le plus lourd dans un accident de train en Espagne depuis 1944. Le gouvernement régional a fait état de 140 blessés, dont 94 étaient toujours hospitalisés jeudi soir, 35 dans un état critique. Il y aurait des étrangers parmi eux.

> L'un des deux conducteurs en détention

Dès mercredi soir, très vite après le déraillement du train à son arrivée à Saint-Jacques, l'hypothèse d'une vitesse excessive, sur un tronçon de voie limité à 80 kilomètres/heure, a pris corps. Deux enquêtes, judiciaire et administrative, ont été ouvertes. L'un des deux conducteurs a été placé jeudi soir en détention à l'hôpital.

Le conducteur, blessé, "doit être entendu par la police à l'hôpital où il a été placé sous surveillance", a indiqué un communiqué du tribunal supérieur de justice de Galice, le juge chargé de l'enquête n'ayant à ce stade ordonné "aucune interpellation".

Un peu plus tôt, il aurait reconnu avoir abordé le dangereux virage où s'est produit l'accident à 190 km/h. Dans l'après-midi, El Pais a publié une vidéo prise à la sortie du virage par une caméra de surveillance au moment où le train a déraillé. Les images témoignent de la vitesse du train et de la violence du choc.

Le secrétaire d'Etat aux Transports, Rafael Catala, a presque confirmé cette hypothèse. La tragédie "paraît liée à un excès de vitesse", a-t-il affirmé sur la radio Cadena Ser.

> Solidarité nationale

L'accident s'est produit à la veille de la Saint-Jacques, le saint patron des Galiciens, une fête traditionnelle dans cette région. Toutes les cérémonies prévues à Saint-Jacques ont été annulées.

Très vite, de longs convois d'ambulances, gyrophares allumés, se sont formés, évacuant les blessés, pendant que les secouristes casqués, en gilets jaunes, armés de pics, se frayaient un chemin dans les tôles froissées.

Un bâtiment municipal a été mis à la disposition des familles, qui pouvaient y recevoir les conseils de psychologues et des informations. Les autorités locales ont lancé un appel aux dons du sang.

> Soutien de chefs d'Etat

De nombreux pays ont exprimé leur solidarité et leur soutien à l'Espagne. François Hollande a exprimé la "solidarité la plus totale" de la France à l'Espagne. Barack Obama "choqué et attristé", a proposé d'aider le pays. Quant au pape François, il a invité à prier pour les victimes et leurs familles.

Cette catastrophe ferroviaire est l'une des plus graves jamais survenues en Espagne. En 1944, une collision entre un train qui effectuait lui aussi la liaison entre Madrid et la Galice et une locomotive avait fait des centaines de morts. En 1972, 77 personnes avaient été tuées dans le déraillement d'un train qui reliait Cadix à Séville, en Andalousie.

M.G. avec AFP et Grégoire Pelpel